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Hommage à l’Ambassadeur Candide Ahouansou: Une intuition précurseur sur la protection des personnes vulnérables dans nos politiques publiques

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Théodore C. Loko Théodore C. Loko

Il est des intuitions qui précèdent les réformes, des convictions qui inspirent les consciences et viennent soutenir les politiques publiques.Parmi celles-là figure, sans conteste, la réflexion lucide de l’Ambassadeur Candide Ahouansou, qui, dans un article récent, a attiré l’attention de la nation sur la nécessité d’une protection accrue des retraités et des personnes âgées dans notre pays. À cette prise de parole courageuse et éclairée, s’est ajouté l’appel amical de l’Ambassadeur Éloi Laourou, qui, dans des échanges privés, m’invitait à tenir compte de cette préoccupation dans ma lettre ouverte à l’intention des candidats aux élections de 2026 dans notre pays. Je n’ai pu le faire pour des raisons d’opportunité, mais je tiens, aujourd’hui, à rendre hommage à l’un et à l’autre pour cette intuition fondatrice d’un humanisme politique.

Par   Théodore C. Loko, le 05 nov. 2025 à 10h36 Durée 3 min.
#Candide Ahouansou

Le dernier Conseil des ministres a pris des mesures en faveur des malades mentaux, reconnaissant enfin la nécessité d’un encadrement social et sanitaire digne pour ces compatriotes oubliés.

Cette décision marque un tournant : elle révèle que la dimension “hautement sociale” de l’action publique ne se limite plus à l’économie ou à l’emploi, mais s’étend désormais à la protection de la dignité des plus fragiles.

En cela, l’intuition de l’Ambassadeur Ahouansou trouve un écho concret.

Protéger les personnes âgées, c’est reconnaître que la société béninoise doit gratitude et sécurité à ceux qui ont contribué, par leur travail et leur expérience, à l’édification nationale.

C’est aussi prévenir une forme silencieuse d’exclusion qui menace la cohésion sociale et la continuité des valeurs intergénérationnelles.

Le temps du renouveau intellectuel : penser la vulnérabilité en droit béninois

Le colloque scientifique de novembre prochain organisé par l’Université de Parakou sur le concept de vulnérabilité en droit béninois vient opportunément inscrire ce débat dans le champ académique.

Ce rendez-vous universitaire, que l’on pourrait qualifier de “recharge des batteries intellectuelles”, permettra d’interroger les fondements et les implications de la vulnérabilité comme principe d’humanité et de justice.

L’œuvre de l’Ambassadeur Ahouansou, en appelant à un traitement digne des retraités, rejoint directement cette réflexion : la vieillesse n’est pas une déficience, mais une expression de la fragilité humaine qui appelle la protection du droit et la sollicitude de la cité.

L’évolution du droit et des politiques publiques : un cadre favorable

Cette reconnaissance de la vulnérabilité s’inscrit dans une évolution du droit béninois et des politiques sociales que l’on peut observer à plusieurs niveaux :

- L’autonomie et les droits fondamentaux

La Constitution du 11 décembre 1990 consacre la dignité humaine (art. 8) et impose à l’État de garantir les droits sociaux, notamment pour les personnes vulnérables.

La protection des personnes âgées relève à la fois de ce principe d’autonomie et de la solidarité collective, qui commande de pallier leurs fragilités physiques ou économiques.

- Le renforcement des protections pénales

Le Code pénal béninois (2018) a introduit des circonstances aggravantes lorsque les infractions sont commises contre des personnes âgées, des mineurs, des femmes ou des handicapés (art. 552 et suivants). Le droit pénal devient ainsi un instrument de défense des fragilités humaines, en sanctionnant plus sévèrement les atteintes à la dignité des plus faibles.

- L’adaptation à l’évolution sociale

Les politiques publiques tendent désormais à mieux intégrer la question du vieillissement dans la planification nationale : couverture santé, pensions, accompagnement communautaire.

La société béninoise, en mutation, redécouvrira que la solidarité intergénérationnelle est une valeur structurante de son identité.

C’est là une évolution éthique majeure : le passage d’un modèle de citoyen autonome à une société de la reconnaissance mutuelle, où chaque étape de la vie appelle une protection adaptée.

Somme toute, même si les réformes récentes se manifestent chez nous de manière implicite et non expresse, les avancées universitaires et la mobilisation citoyenne confirmeront que le Bénin entre dans une ère juridique de l’humanité partagée, où la protection des personnes âgées, des malades et des vulnérables devient non plus une option, mais une exigence de civilisation.

Références utiles

• Ahouansou, C. (2025). Réflexions sur la protection des retraités et des personnes âgées au Bénin.

• Laourou, É. (2025). Échanges sur la justice sociale et les droits humains. Communication privée.

• République du Bénin, Constitution du 11 décembre 1990.

• République du Bénin, Code pénal, Loi n°2018-16 du 28 décembre 2018.

• République du Bénin, Code des personnes et de la famille, Loi n°2004-07.

• Université de Parakou, Colloque sur la vulnérabilité en droit béninois, novembre 2025.

• Onu, Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948.

• Unesco, Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme, 2005

Enseignant-chercheur