La Nation Bénin...
Chaque année, l’Organisation mondiale de la santé (Oms)
et l’Unicef publient les estimations mondiales et nationales de couverture
vaccinale systématique (Wuenic). En 2024, ces données révèlent des avancées
remarquables dans les 57 pays à faibles et moyens revenus soutenus par Gavi,
l’Alliance du Vaccin. Malgré les séquelles de la pandémie, les conflits et la
croissance démographique, la couverture vaccinale progresse, battant plusieurs
records historiques.
En 2024, plus de 72 millions d’enfants ont été protégés
contre une série de maladies infectieuses grâce au soutien de Gavi, ce qui
constitue un record absolu depuis la création de l’organisation en 2000. Les
pays bénéficiaires ont également contribué financièrement de manière inédite,
avec 255 millions de dollars consacrés au cofinancement des programmes de
vaccination. Ces efforts ont permis de dépasser de 100 millions l’objectif
initial fixé par Gavi. En effet, 1,2 milliard d’enfants ont été vaccinés depuis
2000.
Toutes les vaccinations de routine soutenues par Gavi,
contre la poliomyélite, la rougeole, le cancer du col de l’utérus, la
pneumonie, le rotavirus ou encore la fièvre jaune, ont vu leur taux de
couverture augmenter, avec une hausse moyenne de 8 %.
Le vaccin Dtp3 (diphtérie, tétanos, coqueluche), souvent utilisé comme indicateur de la performance globale des systèmes de vaccination, a atteint 82 % de couverture en 2024, soit une progression de 1 %. Toutefois, ce taux reste inférieur d’un point au niveau de 2019, avant la pandémie.
Diminution du nombre d’enfants sans aucune vaccination
Le nombre d’enfants dits « zéro-dose », ceux n’ayant reçu
aucun vaccin, a diminué de 500 000 en 2024. Ils restent cependant 10,2 millions
dans les pays à faibles revenus. Parmi eux, près de la moitié vivent dans cinq
pays : le Nigeria, la Rdc, l’Inde, le Pakistan et l’Éthiopie. Par ailleurs, 2,9
millions d’enfants zéro-dose vivent dans des contextes de conflit ou de
fragilité, où les efforts ciblés sont plus complexes à déployer.
Pour répondre à ces enjeux, Gavi a lancé un programme innovant, le Zero-dose Immunisation Programme (Zip), en partenariat avec des Ong et des acteurs humanitaires. Ainsi, 9 millions de doses ont été administrées dans des régions en conflit, permettant à près d’un million d’enfants précédemment non vaccinés d’être désormais protégés. Dans la région Méditerranée orientale, les conflits au Soudan et au Yémen ont entraîné une baisse de la couverture Dtp3 à 79 %, malgré des progrès au Pakistan, en Syrie et en Somalie. En particulier, le Soudan a connu une chute de 12 %, et le Yémen de 4 %.
Progrès encourageants
L’Afrique, région la plus soutenue par Gavi, a retrouvé
ses niveaux de couverture pré-pandémiques, malgré une croissance démographique
importante. Le taux de couverture Dtp3, tombé à 72 % en 2022, est remonté à 76
% en 2024. Les gains les plus notables ont été enregistrés au Mali (+7 %), en
Rdc (+5 %), au Rwanda (+4 %) et en Éthiopie (+3 %).
L’année 2024 marque un tournant dans la protection des
filles contre le cancer du col de l’utérus, grâce à une généralisation du
vaccin Hpv. La couverture dans les pays à faibles revenus est passée de 3 % en
2019 à 25 % en 2024, avec 32,6 millions de filles vaccinées rien que cette
année, soit plus que la décennie précédente réunie. Au total, près de 60
millions de filles ont été vaccinées avec le soutien de Gavi.
La couverture vaccinale contre la rougeole (Mvc1) est
remontée à 80 % en 2024, après une baisse notable durant la pandémie. Le taux
de couverture pour la seconde dose (Mcv2) a également progressé, atteignant 70
%, contre 59 % en 2019. Néanmoins, cela reste bien en deçà du seuil de 95 %
requis pour éviter des épidémies. A ce jour, 15,5 millions d’enfants dans les
pays à faibles revenus n’ont toujours pas reçu la première dose du vaccin
contre la rougeole, représentant 75 % du total mondial. Selon la directrice
générale de Gavi, Dr Sania Nishtar, « en 2024, les pays à faibles revenus ont
protégé plus d’enfants que jamais, avec des taux de couverture en hausse pour
tous les vaccins soutenus par Gavi. Mais la croissance démographique, la
fragilité et les conflits représentent encore des obstacles majeurs à l’équité.
L’engagement continu des gouvernements et des partenaires sera crucial pour
sauver des vies et protéger le monde des menaces infectieuses. »
Catherine
Fiankan-Bokonga
Un garçon est vacciné lors d'une campagne de vaccination contre la polio