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Rdc: Une éruption volcanique accentue la précarité dans l’Est du pays

International
Par   Collaboration extérieure, le 04 juin 2021 à 07h29
Le 22 mai, le volcan Nyiragongo situé à l’Est de la République Démocratique du Congo est entré en éruption. Des coulées de lave se sont arrêtées à 300 mètres de l'aéroport international de Goma, ce qui a affecté la logistique de la réponse humanitaire. Plus de 415 000 personnes, dont près de la moitié sont des mineurs, ont été obligées de fuir vers une autre ville et vers le Rwanda voisin. Au moins 32 personnes sont mortes des suites directes de l'éruption, dont trois enfants, tandis que 40 personnes ont été portées disparues. La dernière éruption majeure a eu lieu en 2002. Dans la nuit du 22 mai 2021, des milliers de personnes ont fui la ville de Goma et ses environs, à la suite de l'éruption du volcan du Mont Nyiragongo (3 470 m). Cette région est une zone d'intense activité volcanique, avec six volcans. Dès les premières coulées de lave, les autorités congolaises ont donné l’ordre d'évacuation de manière préventive. Une partie de la population a traversé la frontière vers le Rwanda voisin alors que d’autres personnes ont préféré partir vers le sud-ouest dans des localités situées tout le long de la route vers Sake, à 25 km de Goma. Entre 900 et 2 500 habitations ont été détruites. Déplacements forcés Les Congolais ont principalement fui à pied mais aussi en voiture, en moto, en bus et en camion. D’autres ont préféré prendre le bateau pour traverser le lac Kivu. On estime que 86 % des déplacés internes, soit 114 000 personnes, sont parties vers Masisi ; 77 000 autres se sont rendus à Rutshuru. Environ 52 000 personnes ont traversé la frontière vers le Rwanda où les autorités ont mis en place des structures d’accueil. D’après le personnel de l’Organisation Internationale des Migrations (Oim) qui a interrogé plus de 6 000 personnes dans la zone concernée, environ 47 % des déplacés ont moins de 18 ans et 58 % sont des femmes. Les populations vulnérables, c’est-à-dire enfants de moins de 5 ans, femmes allaitantes, enceintes, enfants non accompagnés, personnes atteintes de maladies chroniques, âgées, souffrant de problèmes de santé mentale et de handicaps physiques constituent 28 % du groupe, obligés de quitter la ville. Près de 1 000 enfants ont été séparés de leurs parents dans le chaos qui a suivi l’éruption volcanique. L'Unicef a aidé à retrouver les familles de près de 700 enfants. Pour le moment 142 jeunes ont été placés dans des familles d'accueil transitoires, tandis que 78 sont dans des centres de transit. Plus de 170 familles sont toujours à la recherche d'enfants perdus. Besoins prioritaires Les besoins prioritaires relèvent des domaines de l’alimentation, des abris, de l’accès à l’eau et des soins. D’après le porte-parole du Programme alimentaire mondial (Pam) à Genève, Tomson Phiri, depuis le 25 mai, à la demande du gouvernement rwandais, l’organisation onusienne fournit de la nourriture aux réfugiés congolais. Plus de 20 000 personnes sont sans abri et vivent dans des familles d’accueil ou dans des lieux publics qui n’ont pas été touchés par l’éruption. Nombreux sont ceux qui ont perdu leurs biens, soit au moment du déplacement précipité, soit parce qu’ils ont été brûlés par les coulées de lave ou pillés. Certaines localités n’ont plus accès à l’eau potable suite à l’endommagement du réseau d’approvisionnement et du réservoir principal. Toutefois, des villages utilisent l’eau de pluie avec très peu de capacité de stockage. L’accès aux soins de santé reste limité. Les centres médicaux et certains dispensaires ont brulé. Aucune prise en charge des malades n’est faite depuis l’éruption volcanique. Cette situation a occasionné l’augmentation des coûts des soins médicaux et la présence de très peu de personnel médical. La population dans sa majorité a recours à l’automédication. Depuis le 31 mai, le Service aérien humanitaire des Nations Unies (Unhas) effectue des vols humanitaires par hélicoptère sur Sake. Inquiétudes Les agences humanitaires sont préoccupées par les risques sanitaires liés à l'éruption elle-même, le déplacement vers des zones où des épidémies préexistaient, le manque d'accès à l'eau potable et la charge accrue sur les établissements de santé. Pour faire face au risque d'épidémies, en particulier de choléra dans la région de Sake, où au moins 19 cas suspects ont été enregistrés au cours des deux dernières semaines, l'Oim renforce les efforts de surveillance des maladies parmi les communautés déplacées et d'accueil. Bien que la lave ait cessé de couler, le nuage de cendres est susceptible de provoquer des maladies respiratoires. Surveillance du volcan Bien que l'activité éruptive de surface ait cessé quelques heures après le début de l'éruption, l'activité sismique reste préoccupante. Les autorités provinciales du Nord-Kivu ont annoncé le 1er juin une légère baisse de la sismicité. La situation est suivie de près par l'Observatoire Volcanologique de Goma avec l'assistance, entre autres, du consortium belgo-luxembourgeois (GeoRiskA/AfricaMuseum et le Centre européen de Géodynamique et de Sismologie/Musée National d'Histoire Naturelle du Luxembourg). L’équipe de surveillance du lac Kivu de l’Autorité Rwandaise de Gestion de l’Environnement (Rema) a noté qu’il n’y aurait pas de risque imminent d’explosion de gaz dans le lac Kivu. Elle a précisé qu’elle continue de surveiller les risques qui pourraient découler de l’activité sismique sur l’écosystème du lac. L'éruption volcanique à Goma survient à un moment où les besoins humanitaires sont aigus au Nord-Kivu et en Ituri. L'état de siège a été déclaré par le gouvernement dans les deux provinces depuis début mai. Environ 44 % des 5,04 millions de personnes déplacées en RDC se trouvent actuellement au Nord-Kivu.$ Par Catherine FIANKAN-BOKONGA, Correspondante accréditée auprès de l’office des nations Unies à Genève