La Nation Bénin...
Sur
la Grande Muraille de Chine, la fatigue n’est qu’un prélude à l’émerveillement.
Cette épreuve physique, librement consentie, culmine dans la stupeur face au
génie architectural et à la beauté brute du paysage.
Ce
jeudi 25 septembre, au pied de la section de Mutianyu, l’atmosphère est
électrique. Les visiteurs, sacs à dos et chaussures de marche bien serrées,
scellent un pacte tacite d’endurance.
« Pour affronter cette marche, une bonne préparation physique est indispensable. On va miser 1 000 yuans pour voir qui tiendra jusqu’au bout », lance Gérôme De Lacroix, un Français dans un éclat de rire. L’enjeu est symbolique, mais les regards deviennent sérieux. Plus qu’une somme, c’est l’honneur qui est en jeu. « Je l’ai vue mille fois en photo, mais être ici, c’est une autre dimension. On sent déjà l’ampleur du défi », confie Sophie Mélaine, une Australienne venue avec son époux. Son regard suit les courbes de la crête. L’ascension commence. Très vite, les premiers escaliers séparent les ambitieux des réalistes. Ce « marathon », comme le surnomment les visiteurs, ne consiste pas simplement à parcourir une distance, mais à affronter la pente et dompter les brûlures musculaires. La première partie de la marche est une épreuve purement physique. « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi rude ! Chaque marche est un combat, mais il y a une étrange satisfaction à les vaincre une à une », confie Marco, un étudiant italien trempé de sueur. Pour un guide local « Cette fatigue n’est pas une punition. C’est un rite de passage. Elle transforme le touriste en pèlerin, qui mérite chaque mètre de vue à la sueur de son front ».
Un monument d’histoire et d’ingéniosité
Ouvrage
défensif militaire, la Grande muraille fut érigée au fil des siècles par une
succession d’empires chinois, du IIIe siècle avant J.-C. au XVIIe siècle après
J-C, le long de la frontière nord du pays. Elle s’étend sur plus de 20 000
kilomètres, de Shanhaiguan, dans la province du Hebei, jusqu’à Jiayuguan, dans
le Gansu. Elle est composée de murs, de chemins de ronde, de tours de guet et
d’abris, longeant cols et forteresses. La muraille incarne les affrontements
mais aussi les échanges entre civilisations agricoles et nomades. Elle est le
reflet visible d’une stratégie politique millénaire, d’une puissance militaire
redoutable, mais aussi d’un savoir-faire architectural et logistique hors
norme. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987, elle est
aujourd’hui considérée comme l’une des sept merveilles du monde. Comme un
dragon de pierre, elle ondule à travers les déserts, les vallées, les montagnes
et les plateaux. Si certaines sections sont en ruine ou ont disparu, sa
grandeur fascine toujours. Chaque année, des milliers de visiteurs affluent des
quatre coins du globe pour marcher sur ses pierres chargées d’histoire.
Construite
initialement par les royaumes de Yan, Zhao et Qin, la muraille fut ensuite
unifiée sous l’Empereur Qin Shihuang pour repousser les incursions des Huns. La
Grande muraille reste un symbole puissant et est intégrée à la mythologie et au
symbolisme national. La légende la plus célèbre est celle de Meng Jiangnü, dont
les larmes versées pour son mari mort sur le chantier auraient fait écrouler
une partie du mur. Cette histoire illustre la dimension humaine et tragique de
cet exploit collectif. Aujourd’hui encore, elle continue de transmettre des
valeurs de résilience, de mémoire et de fierté. Monter sur la Grande muraille
n’est pas qu’un exploit sportif ou touristique. C’est une rencontre avec la
démesure de l’Histoire, une méditation sur le temps, la volonté et la trace que
l’humanité laisse derrière elle.
Cette épreuve physique culmine dans la stupeur face au génie architectural et la beauté brute du paysage