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La Grande Muraille de Chine: L’émerveillement au bout d’un parcours éprouvant

International
Cette épreuve physique culmine dans la stupeur face au génie architectural  et la beauté brute du paysage Cette épreuve physique culmine dans la stupeur face au génie architectural et la beauté brute du paysage

Sur la Grande Muraille de Chine, la fatigue n’est qu’un prélude à l’émerveillement. Cette épreuve physique, librement consentie, culmine dans la stupeur face au génie architectural et à la beauté brute du paysage.

Par   Isidore GOZO (De Pékin), le 29 sept. 2025 à 09h25 Durée 3 min.
#Muraille de Chine

Ce jeudi 25 septembre, au pied de la section de Mutianyu, l’atmosphère est électrique. Les visiteurs, sacs à dos et chaussures de marche bien serrées, scellent un pacte tacite d’endurance.

« Pour affronter cette marche, une bonne préparation physique est indispensable. On va miser 1 000 yuans pour voir qui tiendra jusqu’au bout », lance Gérôme De Lacroix, un Français dans un éclat de rire. L’enjeu est symbolique, mais les regards deviennent sérieux. Plus qu’une somme, c’est l’honneur qui est en jeu. « Je l’ai vue mille fois en photo, mais être ici, c’est une autre dimension. On sent déjà l’ampleur du défi », confie Sophie Mélaine, une Australienne venue avec son époux. Son regard suit les courbes de la crête. L’ascension commence. Très vite, les premiers escaliers séparent les ambitieux des réalistes. Ce « marathon », comme le surnomment les visiteurs, ne consiste pas simplement à parcourir une distance, mais à affronter la pente et dompter les brûlures musculaires. La première partie de la marche est une épreuve purement physique. « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi rude ! Chaque marche est un combat, mais il y a une étrange satisfaction à les vaincre une à une », confie Marco, un étudiant italien trempé de sueur. Pour un guide local « Cette fatigue n’est pas une punition. C’est un rite de passage. Elle transforme le touriste en pèlerin, qui mérite chaque mètre de vue à la sueur de son front ».

Après une montée particulièrement rude, les visiteurs débouchent sur une tour de guet. Cette fois, le souffle manque, mais ce n’est plus à cause de l’effort. C’est la stupéfaction. La muraille se déploie, immense, irréelle. « Waouh… C’est tout simplement incroyable. Regarde-moi ça ! », s’exclame un touriste américain, bouche bée. Appuyés contre les créneaux, les visiteurs contemplent la muraille qui serpente à perte de vue sur les crêtes escarpées. « Quand on pense à l’histoire, aux mains qui ont bâti ça… C’est vertigineux. On se sent tout petit », murmure Christian Matinba, journaliste congolais.

Un monument d’histoire et d’ingéniosité

Ouvrage défensif militaire, la Grande muraille fut érigée au fil des siècles par une succession d’empires chinois, du IIIe siècle avant J.-C. au XVIIe siècle après J-C, le long de la frontière nord du pays. Elle s’étend sur plus de 20 000 kilomètres, de Shanhaiguan, dans la province du Hebei, jusqu’à Jiayuguan, dans le Gansu. Elle est composée de murs, de chemins de ronde, de tours de guet et d’abris, longeant cols et forteresses. La muraille incarne les affrontements mais aussi les échanges entre civilisations agricoles et nomades. Elle est le reflet visible d’une stratégie politique millénaire, d’une puissance militaire redoutable, mais aussi d’un savoir-faire architectural et logistique hors norme. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des sept merveilles du monde. Comme un dragon de pierre, elle ondule à travers les déserts, les vallées, les montagnes et les plateaux. Si certaines sections sont en ruine ou ont disparu, sa grandeur fascine toujours. Chaque année, des milliers de visiteurs affluent des quatre coins du globe pour marcher sur ses pierres chargées d’histoire.

Construite initialement par les royaumes de Yan, Zhao et Qin, la muraille fut ensuite unifiée sous l’Empereur Qin Shihuang pour repousser les incursions des Huns. La Grande muraille reste un symbole puissant et est intégrée à la mythologie et au symbolisme national. La légende la plus célèbre est celle de Meng Jiangnü, dont les larmes versées pour son mari mort sur le chantier auraient fait écrouler une partie du mur. Cette histoire illustre la dimension humaine et tragique de cet exploit collectif. Aujourd’hui encore, elle continue de transmettre des valeurs de résilience, de mémoire et de fierté. Monter sur la Grande muraille n’est pas qu’un exploit sportif ou touristique. C’est une rencontre avec la démesure de l’Histoire, une méditation sur le temps, la volonté et la trace que l’humanité laisse derrière elle.