La Nation Bénin...

Vie consulaire: Les organisations professionnelles, un maillon clé mais fragile

Economie

Un baromètre publié par l’Ocis met en lumière la contribution des organisations professionnelles à la vie de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin. Au-delà de leur rôle clé dans l’accompagnement des opérateurs économiques, il révèle aussi leurs fragilités structurelles en matière de financement et de gouvernance.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 03 sept. 2025 à 08h45 Durée 3 min.
#Vie consulaire #Gouvernance

Le premier baromètre réalisé par l’Observatoire du commerce, de l’industrie et des services (Ocis) met en évidence des avancées mais aussi des fragilités dans la participation des Organismes, groupements et associations professionnels (Ogap) à la vie consulaire. La Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Cci-Bénin) s’appuie sur ces organisations professionnelles pour animer la vie consulaire et défendre les intérêts des opérateurs économiques.

Le registre de la Chambre fait état d’environ 70 Ogap inscrits, répartis en trois catégories : les organismes revêtus d’autorité publique tels que l’Ordre des Avocats, l’Ordre des experts-comptables et comptables agréés du Bénin (Oecca-Bénin) ou la Chambre nationale des huissiers ; les groupements professionnels souvent constitués en Groupement d’intérêt économique (Gie) permettant aux entreprises de mutualiser des ressources, et enfin les associations professionnelles, très majoritaires, créées sous la loi de 1901 et regroupant des acteurs par secteur, branche ou objet transversal. Ces structures jouent un triple rôle de creuset d’échanges entre entreprises, de représentation et défense des intérêts communs et de promotion et valorisation des professions.

L’enquête souligne que 83,3 % des Ogap sont enregistrés légalement, mais 16,7 % restent encore informels. Leur statut juridique indique une prédominance du modèle associatif qui représente 88,9 % des cas. Les secteurs d’activité couverts reflètent la structure de l’économie béninoise, avec 50 % des organisations qui déclarent intervenir dans les services, 33,3 % dans le commerce et 16,7 % dans l’industrie.

Une gouvernance encore fragile

Les organisations professionnelles se consacrent surtout à la défense des intérêts l’assistance (24,2 %), la représentation (22,7 %) et l’appui-conseils (22,7 %). Le soutien financier, en revanche, reste marginal, avec seulement 4,5 % des organisations proposant une aide directe.

Les Ogap sont dirigées majoritairement par des hommes (67 %), âgés pour la plupart de 35 à 55 ans (61,1 %), et disposant dans plus de 61 % des cas d’un niveau d’instruction supérieur.

S’ils utilisent des outils de gestion de base comme le registre des membres, les procès-verbaux et le suivi des finances, seuls 39 % disposent d’un plan stratégique et 50 % d’un plan de formation. Cela traduit une gouvernance encore fragile qui appelle un meilleur accompagnement.

Toutes les organisations interrogées connaissent la Cci-Bénin. Si près de huit sur dix (78 %) sont régulièrement sollicitées et 93 % jugent ses interventions pertinentes, seules deux tiers (64,3 %) se disent pleinement satisfaites.

Les améliorations les plus demandées portent sur l’organisation régulière de formations et de foires commerciales, un meilleur appui à l’enregistrement, une assistance renforcée, une diffusion plus régulière d’informations, ainsi qu’un recensement périodique des préoccupations des organisations professionnelles.

Quelles solutions ?

Le baromètre met en évidence une forte vulnérabilité. Plus de 61 % des OGAP ont déjà été menacés dans leur existence, principalement à cause du manque de ressources financières (55,6 %), suivi de difficultés de gestion financière (16,7 %).

Le manque de ressources financières et de moyens matériels, l’instabilité économique, la faible implication des membres et un cadre réglementaire jugé inadapté freinent encore le développement de ces organisations. A cela s’ajoutent la faible coopération public-privé, la complexité administrative, le manque de ressources humaines qualifiées et une synergie encore insuffisante entre les organisations.

Pour surmonter ces obstacles, l’Ocis recommande la diversification des financements à travers les cotisations, subventions, dons, mécénat, crowdfunding, activités lucratives ou prêts bancaires. Il invite aussi à renforcer la gouvernance associative par la séparation des pouvoirs, l’adoption de plans stratégiques et la formalisation des procédures de gestion. Enfin, l’encouragement du leadership des dirigeants apparaît essentiel. Ceux-ci sont appelés à être visionnaires, inspirants, empathiques et décisifs afin de mobiliser leurs membres et garantir la pérennité des structures.