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Transformation économique de l’Afrique: Appel à un nouveau pacte de développement

Economie

L’Afrique reste à la marge de la mondialisation malgré son potentiel, souligne le rapport 2024 de la Cnuced. L’institution appelle à un « nouveau pacte de développement » pour libérer la transformation économique du continent.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 05 sept. 2025 à 08h31 Durée 3 min.
#Développement #transformation économique

Dans un monde marqué par la fragmentation géopolitique, les tensions commerciales et l’urgence climatique, l’Afrique apparaît vulnérable malgré ses énormes potentialités. Elle ne représente que 3 % du commerce mondial et attire une part marginale des flux mondiaux d’investissement direct étranger (Ide), qui sont nécessaires pour bâtir des capacités productives locales.

Le continent abrite pourtant la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), censée transformer son marché fragmenté en un espace intégré de plus de 1,3 milliard de consommateurs. Sa mise en œuvre complète pourrait faire bondir le commerce intra-africain de plus 50 % d’ici 2035, selon les projections. Ainsi, l’Afrique peut devenir un acteur central du commerce international. Mais cette ambition se heurte à des obstacles persistants, notamment le déficit d’infrastructures logistiques, la forte dépendance aux exportations de matières premières et la faiblesse des chaînes de valeur régionales.

L’Afrique est au cœur d’un paradoxe. Riche en ressources naturelles, elle risque pourtant de rester prisonnière du modèle d’exportation de matières premières, alors même que les chaînes de valeur mondiales se réorganisent autour des technologies vertes et du numérique. Le constat est d’autant criant dans le domaine de l’énergie. Malgré d’immenses ressources renouvelables (solaire, hydroélectricité, éolien, géothermie), le continent compte encore plus de 600 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, sans accès à l’électricité. Dans le même temps, la vulnérabilité du continent aux chocs climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, baisse de la productivité agricole), accentue les risques de pauvreté et d’insécurité alimentaire. 

Changer de paradigme

La Cnuced appelle à renforcer les partenariats technologiques et financiers pour accélérer la transition énergétique et l’adaptation climatique. Mais elle alerte aussi sur la soutenabilité de la dette. Dans de nombreux pays africains, le service de la dette absorbe davantage de ressources que les budgets consacrés à la santé ou à l’éducation. L’endettement croissant, combiné à la hausse des coûts d’emprunt et au recul de l’aide publique, limite fortement la capacité d’investissement dans les secteurs sociaux et productifs.

Face à ces défis, la Cnuced plaide pour des mécanismes internationaux innovants de financement, notamment la restructuration de la dette, les partenariats public-privé, la mobilisation des marchés du carbone, en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable (Odd).

Le rapport recommande aussi un investissement accru dans des infrastructures résilientes. La Cnuced invite la communauté internationale à engager un « nouveau pacte de développement mondial » qui reconnaisse les besoins spécifiques de l’Afrique.

Un impératif

« Le système financier international doit être repensé pour permettre aux pays en développement, et notamment à l’Afrique, de libérer l’espace budgétaire nécessaire à leur transformation économique », insiste Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Cnuced. Il s’agirait d’alléger la dette, de favoriser l’investissement productif, d’accompagner l’intégration régionale et de garantir une meilleure insertion du continent dans l’économie mondiale.

Pour les dirigeants africains, l’enjeu est de transformer ces recommandations en actions concrètes, en s’appuyant sur la dynamique de la Zlecaf et sur la montée en puissance d’initiatives continentales dans le numérique, l’agro-industrie, la pharmaceutique et les industries vertes.

Les industries culturelles et créatives, l’économie numérique et la valorisation durable des ressources naturelles sont aussi identifiées comme des pistes pour stimuler la diversification économique africaine. Ce sont autant de leviers pour bâtir des chaînes de valeur régionales, renforcer la résilience économique et créer des millions d’emplois pour une jeunesse en plein essor.