La Nation Bénin...
Lancée en octobre 2024, la Stratégie nationale d’inclusion financière (Snif) franchit une étape décisive. Le Bénin prépare le déploiement des programmes clés qui devront transformer l’accès des populations aux services financiers et contribuer à la réduction durable de la pauvreté.
Le Bénin avance à pas de géant dans la mise en œuvre de sa Stratégie nationale d’inclusion financière. En moins d’un an, le pays a su mobiliser les différents acteurs de l’écosystème financier, engager des réformes structurantes et initier les programmes qui serviront de socle à une inclusion financière élargie. Conçue comme un levier central de réduction de la pauvreté et de dynamisation de l’économie nationale, elle vise à intégrer dans le circuit formel des millions de Béninois encore exclus des services financiers classiques. Romulus Biokou, secrétaire permanent de la Snif, évoque d’une première démarche entreprise dès le lancement et qui consistait à reprendre contact avec l’ensemble des acteurs de l’écosystème : banquiers, assureurs, microfinanciers et opérateurs de monnaie électronique afin de souligner l’importance d’agir en synergie avec la stratégie nationale. Le rôle du secrétariat permanent était avant tout de coordonner, de collecter des informations fiables et de formuler des orientations destinées à aligner les actions concrètes sur les objectifs stratégiques. Pour y parvenir, le secrétariat permanent a institué un dispositif de collaboration étroite avec l’ensemble des parties prenantes. Des points focaux ont été désignés au sein des institutions concernées. Ils transmettent régulièrement les données nécessaires à l’élaboration de rapports trimestriels, semestriels et annuels. « Nous ne sommes pas des acteurs opérationnels, mais une institution de coordination. C’est pourquoi nous avons besoin de l’adhésion totale de tout l’écosystème afin de corriger les dysfonctionnements et d’améliorer l’accès aux produits et services financiers», précise-t-il. Cette stratégie nationale, élaborée pour une période de cinq ans (2023-2027), s’inscrit dans le prolongement de la Stratégie régionale d’inclusion financière de l’Uemoa. Elle est alignée sur la nouvelle feuille de route régionale 2025-2030, afin de garantir une cohérence et une complémentarité dans les efforts. Au cœur de la mise en œuvre, trois programmes structurants forment le socle de la stratégie. Il s’agit de l’amélioration de la gouvernance, le développement des produits financiers et le programme national d’éducation financière. Ces initiatives développées par des spécialistes du domaine, avancent grâce à l’appui de la coopération luxembourgeoise. Les rapports finaux sont attendus d’ici novembre 2025.
« Dès janvier 2026, nous entrerons véritablement dans la mise en œuvre de ces programmes sur l’ensemble du territoire, à travers des matrices d’activités spécifiques », annonce le secrétaire permanent.
Outils de performance
Le programme d’éducation financière vise à sensibiliser les populations, notamment les plus vulnérables, sur l’importance d’utiliser les services financiers formels. Le développement de nouveaux produits financiers doit permettre d’adapter l’offre aux besoins réels des acteurs économiques, notamment en zones rurales. Enfin, l’amélioration de la gouvernance doit renforcer le cadre institutionnel et réglementaire pour garantir une meilleure protection des usagers. Conscient des limites du suivi manuel, le secrétariat permanent développe une plateforme numérique de coordination et de cartographie de l’inclusion financière. Multi-acteurs, elle permettra aux points focaux de transmettre leurs informations en temps réel, sans nécessité de rencontres physiques. « Cette plateforme nous donnera une vue d’ensemble sur l’inclusion financière au Bénin et facilitera l’analyse des données pour formuler des recommandations pertinentes », explique Romulus Biokou. D’autres outils numériques sont également en préparation, notamment une cartographie des dysfonctionnements réglementaires. L’objectif est d’identifier et de corriger les obstacles qui freinent l’accès ou l’utilisation des services financiers. L’ambition ultime du Bénin dans la mise en œuvre de la stratégie demeure la réduction du taux de pauvreté. L’inclusion financière vise à transformer chaque citoyen exclu du système en un acteur économique à part entière. « Inclure les populations marginalisées, c’est leur permettre de participer activement à l’économie nationale », insiste le secrétaire permanent. Cette logique s’inscrit dans la continuité des politiques publiques du gouvernement, qui placent le secteur privé et l’accès aux services financiers au cœur de la transformation structurelle du pays. La Snif entend ainsi favoriser l’accès au crédit, à l’assurance, aux moyens de paiement modernes et aux services de transfert, dans un cadre sécurisé et adapté. Si les fondations sont posées, le chemin reste semé de défis. Le succès de la Snif repose sur la capacité des acteurs à collaborer étroitement, à fournir des données fiables et à s’adapter aux évolutions du marché. La mobilisation des ressources financières et l’engagement continu des partenaires techniques et financiers seront également déterminants. À l’horizon 2027, le Bénin espère disposer d’un écosystème financier plus inclusif, capable de réduire durablement les inégalités et d’accompagner la croissance économique. Mais pour y parvenir, il faudra maintenir la dynamique de coordination, renforcer les capacités institutionnelles et garantir une volonté politique constante.
Le Bénin prône l'émergence d'un paysage financier inclusif afin de consolider la croissance et lutter contre les disparités socio-économiques