La Nation Bénin...
Si
le crédit privé reste opaque et poursuit sa croissance exponentielle dans un
contexte de surveillance prudentielle limitée, des vulnérabilités considérables
menacent la stabilité financière, d’après un nouveau rapport du Fmi.
Les
vulnérabilités du secteur du crédit privé pourraient prendre une importance
systémique, selon le nouveau Rapport sur la stabilité financière dans le monde
du Fonds monétaire international (Fmi, avril 2024). En cas de récession, le
secteur pourrait subir des pertes inattendues de grande ampleur et les
emprunteurs pourraient pâtir d’une hausse des coûts de financement, alerte
l’institution.
Cette
catégorie d’actifs se développe à grande vitesse et représente une source de
financement de long terme pour les entreprises de taille intermédiaire, dans un
contexte où les banques semblent être plus frileuses à l’idée de prêter à ces
entreprises. Du fait de l’insuffisance des données, il est difficile d’évaluer
dans leur globalité les risques qu’elle constitue pour la stabilité financière.
Le
secteur applique généralement un taux variable et pose peu de risques liés à la
transformation des échéances. Nonobstant, le risque de liquidité pourrait
augmenter avec la croissance des fonds de détail. En effet, l’essor des fonds
semi-liquides pourrait accentuer les avantages dits de premier sortant et les
risques de retraits massifs. Les investisseurs de détail dans les marchés du
crédit privé pourraient ne pas mesurer pleinement les risques encourus ou
connaître les restrictions applicables aux rachats sur une catégorie d’actifs
illiquides.
Aussi,
la superposition des effets de levier est à l’origine d’une interconnexion
problématique, en raison des niveaux multiples souvent dissimulés par une
communication incomplète des informations et qui pourraient amplifier les
pertes, souligne le rapport.
De
même, l’incertitude autour des valorisations pourrait entraîner une perte de
confiance. Tenant compte de l’opacité des sociétés emprunteuses, les
gestionnaires de fonds peuvent être incités à retarder la réalisation des
pertes car ils procèdent à de nouvelles levées de fonds et perçoivent des
commissions de performance sur la base de leurs antécédents, explique le
rapport.
Les
risques pourraient également provenir d’entités présentant une exposition
particulièrement élevée aux marchés du crédit privé, notamment les compagnies
d’assurance contrôlées par des fonds de capital-investissement dont les actifs
ont fortement progressé ces dernières années.
Le
rapport recommande aux autorités d’appliquer une supervision et une
réglementation plus intrusives à l’égard des fonds de crédit privé, de leurs
investisseurs institutionnels et des fournisseurs d’instruments à effet de
levier. Il est question de renforcer la coopération transfrontalière et
intersectorielle afin de combler les lacunes en matière de données et
d’harmoniser les évaluations des risques dans l’ensemble des secteurs
financiers.
Les
pouvoirs publics sont aussi appelés à œuvrer à une évaluation complète des
risques par les organes de supervision et de réglementation, afin de prévenir
et limiter les préjudices éventuels. Outre les exigences en matière de
communication des informations à renforcer, les autorités devraient surveiller
attentivement et traiter les risques de liquidité et de conduite dans les
fonds, en particulier ceux pouvant faire face à des risques de rachat plus
élevés, prône le Fmi.