La Nation Bénin...
La transparence et la redevabilité constituent des
fondations incontournables pour bâtir une gouvernance publique efficace et
restaurer la confiance des citoyens. En Afrique subsaharienne, les progrès
restent inégaux, mais le Bénin se démarque par un arsenal juridique renforcé et
des initiatives innovantes.
La transparence, la redevabilité et la lutte contre la corruption s’imposent aujourd’hui comme des piliers essentiels pour consolider la confiance des citoyens et garantir une gestion efficace des ressources publiques. En Afrique subsaharienne, les performances restent contrastées, révèle un rapport récent de la Banque mondiale. Le Bénin y apparaît comme un exemple de réformes engagées, même si leur mise en œuvre se heurte encore à plusieurs obstacles structurels et institutionnels.
Le rapport note qu’au cours des dernières années, le Bénin a multiplié les initiatives pour améliorer la gouvernance publique. Des lois anticorruption ont été adoptées et le Haut commissariat à la prévention de la corruption a été créé avec des prérogatives renforcées. Le pays a également investi dans des outils numériques pour accroître la transparence budgétaire et simplifier l’accès des citoyens aux données publiques. Des initiatives comme des consultations publiques ont permis d’associer davantage d’autres acteurs au suivi des finances publiques. Cette ouverture s’inscrit dans une dynamique plus large qui concerne aussi le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Rwanda, où des agences spécialisées ont été créées ou renforcées. Toutefois, la Banque mondiale souligne que l’efficacité de ces dispositifs dépend en grande partie de la capacité réelle à appliquer les lois et à sanctionner les violations. Dans l’ensemble, la société civile continue de jouer un rôle déterminant en Afrique, en assurant un suivi constant de l’action publique. Des pays comme le Ghana et le Kenya disposent d’organisations particulièrement actives qui participent aux processus de gouvernance. Au Bénin, plusieurs Ong et associations citoyennes ont multiplié les initiatives pour surveiller l’attribution des marchés publics, le respect des procédures budgétaires et l’évaluation des politiques publiques. Cependant, l’accès à l’information reste une condition indispensable pour exercer ce contrôle. Dans plusieurs pays, y compris ceux dotés de lois sur la liberté d’information, la Banque mondiale relève des obstacles pratiques tels que des pannes techniques, des données incomplètes, des retards de publication qui limitent l’efficacité des mécanismes existants.
Transparence freinée
Malgré les efforts législatifs, la corruption demeure un
frein majeur à la transparence. La Banque mondiale souligne que la publication
sélective de données par certaines institutions gouvernementales, la lenteur
administrative et les ingérences politiques compromettent la mise en place
d’une gouvernance pleinement ouverte. Dans des pays comme le Nigeria ou le
Soudan du Sud, la perception de la corruption reste très élevée. Pour le Bénin,
les indicateurs sont plus encourageants, mais la vigilance reste de mise. La
Banque mondiale recommande de renforcer l’indépendance des organes de contrôle,
de garantir leur financement et de protéger les lanceurs d’alerte pour assurer
la crédibilité du dispositif.
La situation du Bénin s’inscrit dans un contexte régional
complexe. Dans plusieurs États, les conflits armés, l’instabilité politique et
le manque de ressources humaines et financières ralentissent les réformes. Le
Burkina Faso, le Soudan et le Soudan du Sud par exemple, ont vu leurs efforts
en matière de transparence fiscale lourdement affectés par les crises
sécuritaires. Même dans les pays relativement stables, des défis persistent :
faiblesse de l’application des réglementations, manque de coordination entre
administrations, lenteur des procédures et influence politique sur les
organismes de régulation. La Banque mondiale constate une progression dans
l’implication des citoyens au processus budgétaire dans certains pays. Le Bénin
fait figure de bon élève, avec des plateformes en ligne permettant de consulter
les projets de loi de finances, ainsi que des espaces de dialogue entre
décideurs et populations.
Les pays où la gouvernance et la transparence sont solides obtiennent généralement de meilleurs résultats économiques, connaissent moins de corruption et bénéficient d’une confiance accrue de la part du public et des investisseurs. La Banque mondiale rappelle que le succès des réformes repose sur trois leviers essentiels : la volonté politique, la capacité institutionnelle et la coordination entre les agences et les parties prenantes. Pour le Bénin, le défi sera donc de transformer ses avancées législatives et institutionnelles en résultats tangibles, perceptibles par les citoyens dans leur vie quotidienne. Les perspectives dépendent aussi de la capacité à inclure l’ensemble des acteurs tels que l’État, la société civile, le secteur privé et les citoyens, dans une démarche collaborative.
Le Bénin se démarque en matière de redevabilité et de transparence budgétaire