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Port autonome de Cotonou: Chiffre d’affaires en hausse

Economie
Port autonome de Cotonou Port autonome de Cotonou

Malgré un contexte régional marqué par des tensions économiques et des perturbations logistiques, le Port autonome de Cotonou (Pac) continue d’afficher une croissance soutenue de son chiffre d’affaires. Une performance portée par une gestion rigoureuse, la diversification des activités et des investissements massifs dans la modernisation de ses infrastructures.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 07 oct. 2025 à 08h43 Durée 3 min.
#Port autonome de Cotonou

Le Port autonome de Cotonou poursuit son ascension économique avec une modernisation qui se confirme de jour en jour. Symbole de résilience et de vision stratégique, cette plateforme portuaire, véritable poumon de l’économie béninoise, affiche une croissance constante de son chiffre d’affaires malgré la conjoncture économique qui secoue la sous-région. Un résultat qui repose sur la rigueur dans le management, l’efficacité opérationnelle et la diversification des activités portuaires, selon Bart Van Eenoo, directeur général de la société. « Le chiffre d'affaires du Port autonome de Cotonou est toujours en croissance. Seulement l'année passée, avec les volumes qui ont quelque peu baissé, cela a changé un peu. Si le revenu augmente et les coûts restent stables, la marge augmente. C’est cette marge dont nous avons besoin pour investir », a-t-il expliqué. Le Pac a engagé ces dernières années des investissements lourds, destinés à renforcer ses capacités et à améliorer la compétitivité de ses services. Ces projets, financés à hauteur de 20 milliards de francs Cfa par an pour les prochaines années, visent notamment la modernisation des terminaux, la réhabilitation des quais et la mise à niveau des infrastructures logistiques et informatiques.

« Tous les investissements dans le port représentent des efforts financiers énormes. Nous devons rembourser les prêts avec les marges générées par nos activités. C’est pourquoi il est essentiel que le port continue à accroître ses revenus », précise le directeur général. Le Pac mise désormais sur la diversification de ses activités pour soutenir cette dynamique. L’exploration pétrolière, en plein essor dans la région, offre de nouvelles perspectives. Le port entend jouer un rôle clé dans le support maritime à cette filière stratégique. Cette orientation contribue déjà à renforcer son chiffre d’affaires et à stabiliser sa position dans un environnement sous-régional concurrentiel.

 

Modèle économique

Comparé à ses voisins, le Port de Cotonou adopte un modèle économique distinct, basé sur la qualité du service, la transparence et la compétitivité des coûts. « Le Port de Lomé et celui de Cotonou sont différents. Nous faisons moins de volume, mais notre chiffre d’affaires est plus élevé et notre marge plus importante. Notre compétitivité repose sur la position géographique, la sécurité et l’efficacité de nos opérations », souligne Bart Van Eenoo. Grâce à sa situation stratégique qui est plus proche des grands marchés de consommation d’Afrique de l’ouest, Cotonou bénéficie d’un avantage logistique naturel. Pour les importateurs, les coûts portuaires représentent une marge raisonnable du coût total de la chaîne d’approvisionnement.

« Être compétitif ne se résume pas au prix. Ce qui compte, c’est la fiabilité, la sécurité et la rapidité. Nous privilégions l’excellence opérationnelle et la transparence. C’est notre marque de fabrique », insiste le directeur général. Cette politique de standardisation et de professionnalisation a permis au port d’améliorer la fluidité des opérations et d’attirer de nouveaux partenaires logistiques internationaux.

Le Pac a également démontré sa capacité à s’adapter aux chocs extérieurs. L’un des épisodes les plus marquants reste la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin en 2023, qui avait entraîné une importante congestion portuaire. « A certains moments, nous avions 12 000 conteneurs bloqués dans le port. Nous avons travaillé avec les concessionnaires, la douane et les agents pour trouver des solutions. Nous n’avons jamais fermé le port », rappelle le directeur général. Pour désengorger la plateforme, le port a pris une série de mesures visant à redéfinir des destinations finales, ouvrir de nouvelles routes commerciales notamment via Ségbana vers le Nigeria, et faciliter la consommation locale des marchandises bloquées. Ces ajustements ont permis d’éviter l’asphyxie du trafic et de préserver la chaîne d’approvisionnement sous-régionale, sans imposer de frais supplémentaires aux opérateurs économiques. En 2024, les volumes ont progressivement repris, et l’année 2025 marque le retour complet des flux commerciaux précédemment perturbés. Cette reprise conforte la position du port comme hub logistique majeur de la sous-région.

Transport routier

L'autre chantier stratégique est la sécurisation du transport des marchandises. L’arrêté portant régulation de la circulation des gros-porteurs vise à réduire les accidents causés par des camions vétustes et mal équipés. « Beaucoup de conteneurs tombaient des camions parce qu’ils n’étaient pas correctement attachés. Nous avons travaillé avec l’Agence nationale des transports terrestres (Anatt) et le ministère pour imposer des châssis munis de twist locks, des serrures sécurisées qui empêchent les conteneurs de se détacher », explique Bart Van Eenoo. Le nouveau parking moderne du port intègre désormais une zone d’inspection et un atelier de réparation, afin de vérifier la conformité technique des véhicules. Seuls les camions disposant d’un certificat technique valide auront accès à la plateforme. Une mesure saluée par les acteurs économiques pour sa contribution à la sécurité routière et à la préservation des infrastructures.

Au-delà de ses performances économiques, le Port autonome de Cotonou reste fidèle à une vision de coopération régionale. Le directeur général réaffirme sa volonté de voir émerger une sous-région unie et interconnectée. « C’est très important pour le port d’avoir une multitude de clients et un marché ouvert sur le Nigeria, le Niger, le Togo et toute la sous-région.  », confie-t-il. En transformation continue, le Port autonome de Cotonou prouve qu’il est possible de conjuguer croissance économique, innovation et rigueur de gestion, même dans un contexte sous-régional complexe. Grâce à la vision stratégique de son management, à la diversification de ses activités et à l’amélioration constante de ses performances logistiques, la société s’impose comme un acteur clé du commerce ouest-africain. Cette dynamique est à poursuivre pour renforcer sa résilience et consolider sa place parmi les ports les plus performants du continent africain.