La Nation Bénin...
Pour renforcer la qualité des actifs éligibles à ses
guichets de refinancement, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest
a mis en place depuis 2020 un système de notation des entreprises non
financières. Une initiative souvent méconnue qui vise à évaluer objectivement
le risque de défaut des entreprises et à encourager les financements privés, au
bénéfice de l’économie régionale.
L’accès au financement reste l’un des leviers essentiels pour soutenir l’activité économique au sein de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). Dans cette perspective, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao) multiplie les initiatives pour accroître le volume des effets privés admissibles à ses guichets de refinancement. Parmi elles, figure la mise en place d’un dispositif de cotation des entreprises non financières, lancé en 2020, puis progressivement transformé en système de notation en 2021. Mais les entreprises ne maitrisent pas toujours l’existence de cet outil qui leur permet de connaitre leur classe et de pouvoir s’adapter aux exigences, leur permettant un accès plus fluide au financement. Concrètement, ce mécanisme vise à associer à chaque profil d’entreprise une probabilité de défaut, grâce à un modèle qui croise les données financières collectées auprès de la Centrale des bilans et des informations qualitatives tirées des autres centrales d’information sur le comportement de paiement. L’objectif est de fournir aux banques et aux autorités monétaires une lecture plus précise du risque encouru lorsqu’elles financent une entreprise. Fort de plusieurs échanges avec d’autres institutions similaires, le modèle de notation a été affiné pour distinguer les probabilités de défaut à l’horizon d’un an selon la taille de l’entreprise, mesurée par son chiffre d’affaires. Il permet ainsi de classer séparément les Grandes entreprises (Ge) et les Petites et moyennes entreprises (Pme). Le résultat est un classement structuré en cinq classes de risque : de A, qui correspond à une situation exceptionnelle avec une probabilité de défaut très faible, jusqu’à E, la classe de défaillance. Cette segmentation offre aux acteurs financiers un outil de décision supplémentaire pour mieux calibrer leurs engagements. D’après les informations consolidées dans la Centrale des bilans, 8 935 entreprises non financières ont été analysées. Ensemble, elles concentrent un encours de crédit de plus de 5147,7 milliards de FCfa. Le premier enseignement de cette notation est plutôt encourageant. Près de 2 455 entreprises, dont 763 Grandes entreprises et 1 692 Pme, figurent dans la classe A, signe d’une solidité financière rassurante.
Refinancement élargi
Au-delà de la classe A, 6 480 entreprises se situent
entre les classes B et E, reflétant des situations plus contrastées. Toutefois,
la Bceao envisage d’étendre le champ d’admissibilité aux guichets de
refinancement à la classe B, sous réserve d’une garantie souveraine. Si cette
option est validée, le nombre d’entreprises éligibles pourrait alors atteindre
5 556, pour un volume de crédits déclarés de 3 308,5 milliards F Cfa. Cette
évolution serait une bouffée d’oxygène pour le système bancaire qui disposerait
ainsi d’un vivier plus large d’actifs privés de qualité, diversifiant les
garanties au-delà des titres publics traditionnels. Elle offrirait aussi aux
entreprises bien notées un meilleur accès au crédit, à des conditions
potentiellement plus favorables.
Pour la Bceao, cette démarche s’inscrit dans une
stratégie plus large de soutien à l’investissement privé et de renforcement de
la solidité du système financier. En contribuant à une meilleure allocation des
ressources et à une maîtrise accrue du risque de crédit, la notation des
entreprises non financières pourrait devenir un levier important pour stimuler
l’économie régionale, tout en maintenant la confiance des acteurs du marché.
Dans un environnement où la qualité de l’information financière est souvent un
enjeu majeur, le système de notation vient aussi encourager une plus grande
transparence de la part des entreprises, qu’elles soient grandes ou petites.
Pour les Pme notamment, il constitue un outil incitatif pour améliorer leur
gestion et asseoir leur crédibilité vis-à-vis des banques et des investisseurs.
Cependant, des défis demeurent. Pour être pleinement
efficace, ce dispositif suppose une collecte fiable et régulière des données
financières, ainsi qu’une généralisation de la culture de la notation au sein
du tissu économique régional. La Bceao devra également veiller à accompagner
les entreprises les moins bien notées pour leur permettre de renforcer leur
structure financière et de réduire progressivement leur exposition au risque de
défaut.
BCEAO