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Monnaie électronique: Important instrument d’inclusion au Bénin

Economie
Longtemps freiné par une faible bancarisation, le Bénin connaît une progression notable de  l’utilisation de la monnaie électronique Longtemps freiné par une faible bancarisation, le Bénin connaît une progression notable de l’utilisation de la monnaie électronique

Longtemps freiné par une faible bancarisation, le Bénin connaît une progression notable de l’utilisation de la monnaie électronique. Le pays affiche désormais un taux de détention de comptes de monnaie mobile supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne. Une dynamique qui présage de nouvelles opportunités pour l’inclusion financière et la modernisation du secteur bancaire.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 08 juil. 2025 à 07h46 Durée 3 min.
#Monnaie électronique #inclusion au Bénin

Au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le Bénin fait figure de bon élève en matière de modernisation de son système financier, malgré des défis persistants. Le rapport pays 2025 de la Banque africaine de Développement (Bad) met en évidence un constat encourageant. Alors que le système bancaire peine encore à élargir sa base de crédit et à mobiliser des capitaux à long terme, la monnaie électronique progresse à un rythme soutenu. En 2024, 37 % de la population béninoise âgée de 15 ans et plus détient un compte de monnaie mobile, soit un niveau supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne estimée à 33 % en 2021. Cette performance contraste avec le taux de détention de comptes bancaires traditionnels, qui reste à 49 % pour la même tranche d’âge, en dessous de la moyenne régionale de 55 %. Dans un contexte où moins d’un tiers du portefeuille de crédit du secteur bancaire béninois est constitué de prêts à long terme, la progression de la monnaie mobile ouvre des perspectives nouvelles pour pallier les limites du système bancaire classique. Le secteur bancaire béninois, composé de 14 banques, dont neuf internationales et cinq régionales, fait toujours face à des défis structurels : faiblesse de l’épargne nationale (21,9 % du Pib en 2024), crédits au secteur privé limités (19,7 % du Pib). Dans ce paysage où l’accès au financement reste un frein majeur au développement économique, l’essor de la monnaie mobile s’impose comme une alternative crédible pour toucher les populations éloignées du circuit bancaire traditionnel. Les opérateurs de téléphonie mobile, devenus acteurs clés de l’inclusion financière, multiplient les services accessibles via téléphone portable : paiements, transferts d’argent, microcrédit, épargne mobile. En zone rurale notamment, la flexibilité de ces services séduit les ménages, artisans et petits commerçants pour qui la banque classique reste parfois hors de portée, tant sur le plan géographique qu’administratif.

Levier pour la résilience

Selon les analyses de la Bad, la progression de la monnaie mobile au Bénin illustre un potentiel encore sous-exploité pour accroître l’inclusion financière et stimuler la circulation des flux financiers domestiques. À l’heure où le pays doit diversifier ses sources de financement, notamment pour soutenir les grands chantiers d’infrastructures ou la transition vers une économie plus verte, ce canal pourrait contribuer à mieux mobiliser l’épargne et la diriger vers des investissements productifs. Malgré cette progression encourageante, plusieurs défis restent à surmonter pour transformer l’élan de la monnaie électronique en un véritable moteur de développement. D’abord, la réglementation doit accompagner cette expansion en veillant à renforcer la sécurité des transactions et la protection des données personnelles. Ensuite, l’interopérabilité entre opérateurs de mobile money, banques et autres acteurs financiers devient cruciale pour éviter la fragmentation du marché.

Par ailleurs, la Bad souligne la nécessité d’élargir l’offre de services financiers digitaux, en incluant davantage de produits à plus forte valeur ajoutée comme la micro-assurance, le financement agricole, la collecte de taxes locales. La digitalisation ne doit pas se limiter aux simples transferts d’argent, sous peine de freiner l’impact global sur l’économie réelle. Les banques elles-mêmes sont invitées à saisir cette dynamique pour se repositionner. Le rapport pays 2025 recommande un renforcement des capacités, notamment en matière de trésorerie nette et de gestion des risques, afin de pouvoir investir davantage dans la digitalisation des services, mais aussi dans de nouvelles opportunités comme la finance climatique ou islamique, encore très peu exploitées. Enfin, l’essor de l’intelligence artificielle dans le secteur financier pourrait constituer un virage stratégique pour les acteurs locaux avec l’automatisation des opérations, l’analyse prédictive du risque de crédit, la lutte contre la fraude. Autant de leviers pour moderniser le système financier et améliorer l’accès au crédit.