La Nation Bénin...
Si les dépôts collectés par les institutions de
microfinance repartent à la hausse au Bénin, le volume de crédits octroyés
chute brutalement au premier trimestre 2025. Ce contraste illustre les fragilités
persistantes du secteur dans un contexte régional de consolidation.
Après une baisse de 7 % au dernier trimestre 2024,
l’épargne mobilisée par les systèmes financiers décentralisés (Sfd) du Bénin
affiche une forte reprise au premier trimestre. Selon les données de la Banque
centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao, juillet 2025), les dépôts
collectés ont augmenté de 15,2 milliards F Cfa, soit une hausse de 7,7 % par
rapport à décembre 2024. Cette croissance positionne le Bénin parmi les pays de
l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) où l’épargne reste plus
dynamique, aux côtés du Burkina Faso (+5,2 %), de la Côte d’Ivoire (+4,0 %) et
du Togo (+5,5 %).
En revanche, l’encours des crédits octroyés au Bénin a
reculé de manière drastique, soit de 38,4 milliards F Cfa correspondant à une
contraction de 14 % sur le trimestre. Il s’agit de la baisse la plus marquée au
sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine sur le trimestre, d’après
les chiffres de la Bceao.
Ce repli fait suite à une forte progression de 7,7 % notée au quatrième trimestre 2024. Cela peut s’expliquer par la saisonnalité mais surtout par un resserrement des conditions d’octroi et une montée du risque de crédit.
Signaux d’alerte
Le nombre d’institutions sous administration provisoire
reste préoccupant. Le Bénin compte quatre structures parmi les dix Sfd
concernés dans l’ensemble de l’Union à fin mars 2025. Ce chiffre qui est stable
depuis le trimestre précédent, reflète la fragilité persistante d’une partie du
secteur de la microfinance béninoise.
En 2024, plusieurs Sfd du pays avaient déjà perdu leur
agrément en raison de manquements graves. Cette instabilité affecte la
confiance des usagers et fragilise la viabilité du secteur, en dépit de son
rôle crucial dans l’inclusion financière.
Le regain de confiance côté épargne et la défiance
croissante côté crédit constituent un révélateur des défis structurels auxquels
la microfinance doit faire face pour accompagner durablement l’inclusion
financière et le développement.
Malgré la reprise de l’épargne, la baisse généralisée des
crédits, la montée du risque et les faiblesses de gouvernance dans certaines
structures appellent à des actions urgentes. La poursuite de la
professionnalisation des Sfd, une régulation accrue et la diversification de
l’offre doivent devenir des priorités pour consolider les acquis et assurer la
pérennité du secteur aussi bien au Bénin que dans la sous-région.
Microfinance au Bénin