La Nation Bénin...
L’Afrique subsaharienne peine encore à garantir à sa
population l’accès à des routes sûres, à une énergie fiable, à une éducation de
qualité et à des soins de santé décents en dépit des efforts de quelques pays.
Ces carences fragilisent le tissu économique et social, alimentent la pauvreté
extrême et freinent la création d’opportunités.
D’après un diagnostic de la Banque mondiale, la qualité
des services et infrastructures de base en Afrique subsaharienne reste
nettement inférieure à celle d’autres zones du monde, y compris à niveau de Pib
comparable. Routes, électricité, internet, éducation ou santé sont des domaines
où des déficits structurels plombent la compétitivité et limitent
l’amélioration des conditions de vie. Et si des avancées sont notées dans
certains pays comme le Bénin, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, elles
demeurent trop timides face à l’ampleur des besoins. Le premier constat est
l’héritage colonial et les faiblesses de gouvernance qui expliquent en grande
partie le retard accumulé dans les investissements et l’entretien des
infrastructures. Les services d’infrastructures sont moins bien fournis et
moins efficaces qu’ailleurs, avec de fortes disparités territoriales et
sociales. Dans le secteur énergétique par exemple, 16 % de la production est
perdue, un taux parmi les plus élevés au monde, affectant directement la
compétitivité des entreprises et le quotidien des ménages. Malgré des progrès
ces dernières années, les goulets d’étranglement persistent, aggravés par des
cadres réglementaires souvent inadaptés et des capacités techniques encore
limitées au sein des administrations. Ces failles ralentissent les projets et
pèsent sur les coûts pour les usagers. Le transport illustre bien ces carences.
359 kilomètres de routes pour 100 000 habitants contre 937 en moyenne mondiale,
et seulement 11 kilomètres de voies ferrées pour la même population, contre 32
à l’échelle mondiale. Le résultat est que la connectivité reste faible,
limitant l’accès de millions de personnes aux marchés et aux opportunités
économiques. Les infrastructures de transport aérien et maritime restent elles
aussi sous-développées et moins performantes. À cela s’ajoute le taux de
mortalité routière en Afrique subsaharienne qui est le plus élevé du monde,
avec 19,4 décès pour 100 000 habitants. Une conséquence directe de la mauvaise
qualité des routes, du manque de formation des conducteurs et de la faiblesse
des réglementations en matière de sécurité routière.
Encore à la traîne
Au-delà des infrastructures physiques, la Banque mondiale
pointe la médiocrité des services administratifs essentiels pour créer un
climat des affaires favorable et attirer des investisseurs. De la création
d’une entreprise à la déclaration de faillite, en passant par l’accès au
foncier et au crédit, l’Afrique subsaharienne reste en queue de peloton, comme
en témoigne sa position dans l’indice « Business Ready ». Les gouvernements
peinent à lever les obstacles structurels à l’accès au financement pour les
entreprises à fort potentiel. Or, sans administration efficace, pas de climat
des affaires attractif, ni de création d’emplois durables.
Les faiblesses s’étendent aussi aux services liés au
capital humain, avec des conséquences directes sur le bien-être et la mobilité
sociale. Le diagnostic à ce niveau est que la qualité de l’éducation reste très
faible dans presque tous les pays de la région. Dans la majorité des cas, les
enfants terminent leur scolarité avec un niveau de compétences inférieur à
celui atteint après six années de primaire dans les pays les plus performants.
La situation sanitaire est tout aussi préoccupante. L’espérance de vie à la
naissance plafonne à 62,6 ans, la plus faible de toutes les régions du monde.
La mortalité infantile atteint encore 44,2 décès pour 1 000 naissances
vivantes, tandis que la mortalité maternelle reste dramatiquement élevée, plus
de trois fois supérieure à celle de l’Asie du Sud. Ces indicateurs traduisent
le manque criant de services de santé.
La pauvreté extrême alimente ces carences structurelles.
En 2024, 80 % des 695 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans
le monde résident en Afrique subsaharienne. Ces poches de vulnérabilités se
concentrent souvent dans quelques pays, renforçant les inégalités. Avec un
indice de Gini régional moyen de 41,5, la région est l’une des plus
inégalitaires au monde. Les plus pauvres restent exclus des infrastructures
publiques de base, comme l’assainissement, où les lacunes exposent les
populations à des risques sanitaires majeurs. Pour autant, la Banque mondiale
note quelques lueurs d’espoir avec des initiatives de connectivité, de
modernisation des réseaux électriques, de création de corridors de transport et
de renforcement des systèmes de santé émergents dans plusieurs pays. Mais sans
une gouvernance efficace, une régulation adaptée et des capacités
administratives renforcées, ces avancées resteront insuffisantes.
Les services se classent parmi les problèmes les plus importants identifiés par les citoyens