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Infrastructures, santé, éducation: L’Afrique subsaharienne en quête d’un service public efficace

Economie
Les services se classent parmi les problèmes les plus importants identifiés par les citoyens Les services se classent parmi les problèmes les plus importants identifiés par les citoyens

L’Afrique subsaharienne peine encore à garantir à sa population l’accès à des routes sûres, à une énergie fiable, à une éducation de qualité et à des soins de santé décents en dépit des efforts de quelques pays. Ces carences fragilisent le tissu économique et social, alimentent la pauvreté extrême et freinent la création d’opportunités. 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 14 juil. 2025 à 08h02 Durée 3 min.
#Infrastructures

D’après un diagnostic de la Banque mondiale, la qualité des services et infrastructures de base en Afrique subsaharienne reste nettement inférieure à celle d’autres zones du monde, y compris à niveau de Pib comparable. Routes, électricité, internet, éducation ou santé sont des domaines où des déficits structurels plombent la compétitivité et limitent l’amélioration des conditions de vie. Et si des avancées sont notées dans certains pays comme le Bénin, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, elles demeurent trop timides face à l’ampleur des besoins. Le premier constat est l’héritage colonial et les faiblesses de gouvernance qui expliquent en grande partie le retard accumulé dans les investissements et l’entretien des infrastructures. Les services d’infrastructures sont moins bien fournis et moins efficaces qu’ailleurs, avec de fortes disparités territoriales et sociales. Dans le secteur énergétique par exemple, 16 % de la production est perdue, un taux parmi les plus élevés au monde, affectant directement la compétitivité des entreprises et le quotidien des ménages. Malgré des progrès ces dernières années, les goulets d’étranglement persistent, aggravés par des cadres réglementaires souvent inadaptés et des capacités techniques encore limitées au sein des administrations. Ces failles ralentissent les projets et pèsent sur les coûts pour les usagers. Le transport illustre bien ces carences. 359 kilomètres de routes pour 100 000 habitants contre 937 en moyenne mondiale, et seulement 11 kilomètres de voies ferrées pour la même population, contre 32 à l’échelle mondiale. Le résultat est que la connectivité reste faible, limitant l’accès de millions de personnes aux marchés et aux opportunités économiques. Les infrastructures de transport aérien et maritime restent elles aussi sous-développées et moins performantes. À cela s’ajoute le taux de mortalité routière en Afrique subsaharienne qui est le plus élevé du monde, avec 19,4 décès pour 100 000 habitants. Une conséquence directe de la mauvaise qualité des routes, du manque de formation des conducteurs et de la faiblesse des réglementations en matière de sécurité routière.

Encore à la traîne

Au-delà des infrastructures physiques, la Banque mondiale pointe la médiocrité des services administratifs essentiels pour créer un climat des affaires favorable et attirer des investisseurs. De la création d’une entreprise à la déclaration de faillite, en passant par l’accès au foncier et au crédit, l’Afrique subsaharienne reste en queue de peloton, comme en témoigne sa position dans l’indice « Business Ready ». Les gouvernements peinent à lever les obstacles structurels à l’accès au financement pour les entreprises à fort potentiel. Or, sans administration efficace, pas de climat des affaires attractif, ni de création d’emplois durables.

Les faiblesses s’étendent aussi aux services liés au capital humain, avec des conséquences directes sur le bien-être et la mobilité sociale. Le diagnostic à ce niveau est que la qualité de l’éducation reste très faible dans presque tous les pays de la région. Dans la majorité des cas, les enfants terminent leur scolarité avec un niveau de compétences inférieur à celui atteint après six années de primaire dans les pays les plus performants. La situation sanitaire est tout aussi préoccupante. L’espérance de vie à la naissance plafonne à 62,6 ans, la plus faible de toutes les régions du monde. La mortalité infantile atteint encore 44,2 décès pour 1 000 naissances vivantes, tandis que la mortalité maternelle reste dramatiquement élevée, plus de trois fois supérieure à celle de l’Asie du Sud. Ces indicateurs traduisent le manque criant de services de santé.

La pauvreté extrême alimente ces carences structurelles. En 2024, 80 % des 695 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde résident en Afrique subsaharienne. Ces poches de vulnérabilités se concentrent souvent dans quelques pays, renforçant les inégalités. Avec un indice de Gini régional moyen de 41,5, la région est l’une des plus inégalitaires au monde. Les plus pauvres restent exclus des infrastructures publiques de base, comme l’assainissement, où les lacunes exposent les populations à des risques sanitaires majeurs. Pour autant, la Banque mondiale note quelques lueurs d’espoir avec des initiatives de connectivité, de modernisation des réseaux électriques, de création de corridors de transport et de renforcement des systèmes de santé émergents dans plusieurs pays. Mais sans une gouvernance efficace, une régulation adaptée et des capacités administratives renforcées, ces avancées resteront insuffisantes.