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Industries culturelles et créatives: Un nouvel horizon économique pour le Bénin

Economie
Le Fdac entend offrir aux artistes béninois un cadre  transparent et propice à l’essor de leurs projets culturels Le Fdac entend offrir aux artistes béninois un cadre transparent et propice à l’essor de leurs projets culturels

Le Bénin mise sur les industries culturelles et créatives (Icc) comme levier de développement, pour transformer la créativité en richesse durable. Mais il faudra relever les défis de la professionnalisation, de la transparence et de la distribution pour que cette ambition devienne réalité.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 09 sept. 2025 à 08h15 Durée 3 min.
#industries culturelles et créatives

Depuis quelques années, le Bénin affirme sa volonté de faire de la culture un pilier de son développement. «L’ambition, c’est de faire du pays la capitale culturelle de l’Afrique de l’Ouest », a affirmé le ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, Jean-Michel Abimbola. A l’horizon 2026, les investissements dans les arts, la culture et le tourisme devraient atteindre plus de 1 300 milliards de F Cfa. La préservation et la valorisation du patrimoine culturel, matériel comme immatériel sont au cœur de cette vision. « Elles vont de pair avec le développement socio-économique dans le sens d’un développement durable », a souligné le ministre. Parmi les projets structurants figure la création d’un Quartier culturel et créatif (Qcc) à Cotonou conçu pour être un épicentre des industries culturelles et créatives (Icc) et un point de convergence d’espaces dédiés à l’innovation, la création, la diffusion, la commercialisation de biens culturels et artistiques. Ce pôle rassemblera plusieurs équipements et activités interconnectés. A cela s’ajoutent la construction d’un centre pluridisciplinaire des arts (danse, théâtre, cinéma, musique…), le renforcement des capacités des acteurs, le projet de musée d’art contemporain et celui d’un institut franco-béninois, autant d’infrastructures censées donner une nouvelle visibilité à la création béninoise. « Ces projets visent à accélérer le développement des chaînes de valeur, renforcer la professionnalisation, moderniser les pratiques, et accroître la compétitivité des acteurs du secteur », selon le ministre Abimbola.

La préservation et la valorisation du patrimoine culturel, matériel comme immatériel sont au cœur de cette vision. « Elles vont de pair avec le développement socio-économique dans le sens d’un développement durable », a souligné le ministre.

Parmi les projets structurants figure la création d’un Quartier culturel et créatif (Qcc) à Cotonou conçu pour être un épicentre des industries culturelles et créatives (Icc) et un point de convergence d’espaces dédiés à l’innovation, la création, la diffusion, la commercialisation de biens culturels et artistiques. Ce pôle rassemblera plusieurs équipements et activités interconnectés. A cela s’ajoutent la construction d’un centre pluridisciplinaire des arts (danse, théâtre, cinéma, musique…), le renforcement des capacités des acteurs, le projet de musée d’art contemporain et celui d’un institut franco-béninois, autant d’infrastructures censées donner une nouvelle visibilité à la création béninoise.

« Ces projets visent à accélérer le développement des chaînes de valeur, renforcer la professionnalisation, moderniser les pratiques, et accroître la compétitivité des acteurs du secteur », selon le ministre Abimbola. 

Fdac, un premier jalon

La stratégie nationale s’appuie aussi sur la création du Fonds de développement des arts et de la culture (Fdac), institué en octobre 2022 en remplacement du Fonds des arts et de la culture (Fac). Piloté par l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac), ce fonds se veut un mécanisme innovant pour soutenir techniquement et financièrement les artistes, stimuler la vitalité créative et valoriser les potentialités culturelles du pays à travers des projets de création, de production et de diffusion.

« Son champ d’intervention couvre l’ensemble des disciplines artistiques, des arts vivants aux arts visuels, en passant par le cinéma et la littérature», a rappelé William Hervé Codjo, directeur général de l’Adac, lors du lancement officiel du fonds en octobre 2024.

Les premiers appels à projets, organisés d’octobre à novembre 2024, ont débouché sur la sélection provisoire de 39 projets dans des domaines variés comme le livre, la musique, la danse ou le cinéma. Chaque initiative peut obtenir jusqu’à 30 millions F Cfa, la subvention ne couvrant pas plus de 70 % du budget. Les porteurs doivent mobiliser les 30 % restants via un apport personnel ou des partenariats.

Ce modèle constitue à la fois une opportunité, en professionnalisant les pratiques et en incitant les créateurs à formaliser des plans de financement, et un défi, car beaucoup d’acteurs, surtout émergents, peinent à réunir l’apport exigé.

Convergence porteuse d’espoir

Le dynamisme béninois s’inscrit dans une ambition plus large de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). La Commission de l’Union a lancé en 2024 le Fonds Crédit Culture-Uemoa, doté de 20 milliards F Cfa et orienté vers les entreprises culturelles régionales.

« L’objectif est d’aboutir à un dispositif efficace, consensuel et prenant en compte l’essentiel des problématiques qui, jusque-là, constituent des freins à l’entrepreneuriat culturel et au développement des Icc », a déclaré Abdoulaye Diop, président de la Commission de l’Uemoa, lors de la remise des prix spéciaux de l’Union à la vingt-neuvième édition du Fespaco, en février dernier à Ouagadougou.

Ce fonds cible huit filières stratégiques, allant du livre et de l’édition aux arts appliqués (design, mode et stylisme, artisanat d’art, décoration), au patrimoine, aux jeux vidéo ou encore à l’audiovisuel. « Le leitmotiv de ce fonds, c’est de pouvoir structurer le secteur des ICC afin d’aller au-delà des subventions traditionnelles », a précisé Donikpo Koné, chef de la division Culture de la Commission de l’Uemoa. L’approche repose sur une logique d’investissement à impact: prêts participatifs, prises de participation, accompagnement technique.

Une phase pilote doit se dérouler de 2025 à 2027 avant un déploiement complet à partir de 2028, avec un objectif de capitalisation de 200 milliards F Cfa. Si elle réussit, cette initiative pourrait transformer la trajectoire de centaines de Pme culturelles ouest-africaines souvent jugées « non bancables ».

Un potentiel énorme à valoriser

A l’échelle mondiale, les industries culturelles et créatives représentent 3,1 % du produit intérieur brut (Pib) et 6,2 % de l’emploi, selon l’Unesco. Mais seuls 3 % de cette valeur proviennent du continent africain, principalement d’Afrique du Nord et du Sud.

D’après le rapport de la Cnuced pour le premier semestre 2024, l’Afrique a généré 4 milliards de dollars US en exportations de services créatifs et 2,4 millions de dollars Us en exportations de biens créatifs. L’Afrique subsaharienne, et en particulier l’espace Uemoa, reste loin de son potentiel, malgré ses talents et ses ressources.

Le Bénin et la Commission de l’Uemoa, à travers leurs initiatives, montrent que des capacités et des politiques existent pour inverser cette tendance. Avec une stratégie coordonnée, un financement structurant et une professionnalisation ciblée, le potentiel des Icc peut être libéré pour créer non seulement des œuvres, mais aussi des emplois, du rayonnement et une véritable intégration régionale.