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Finances locales au Bénin: Un recul marqué des recettes communales au 3e trimestre

Economie

La Note de conjoncture des finances locales du troisième trimestre 2025 met en évidence une forte contraction des recettes propres des communes et une dépendance accrue aux transferts de l’Etat, faisant peser un risque sur l’autonomie financière locale.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 17 déc. 2025 à 09h22 Durée 3 min.
#Finances locales #Bénin

A fin septembre 2025, les recettes de fonctionnement agrégées des 77 communes du Bénin s’élèvent à seulement 8,1 milliards F Cfa, selon la dernière Note de conjoncture des finances locales du Bénin, publiée par la direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (Dgtcp). Ce montant représente une baisse significative de 26,91 % par rapport à la même période de l’année précédente, où elles atteignaient plus de 11 milliards F Cfa.

Cette contreperformance est principalement imputable à l’effondrement des recettes propres, qui reculent de 39,15 % en glissement annuel, passant de 5,77 milliards à 3,51 milliards F Cfa. Les recettes de fonctionnement ne sont mobilisées qu’à hauteur de 26,62 % de la prévision annuelle, précise la Note.

L’analyse par catégorie de communes révèle de fortes disparités. Les communes à statut intermédiaire voient leurs recettes chuter de plus de 35 %, tandis que les communes à statut particulier enregistrent une baisse encore plus sévère, supérieure à 80 %. A l’inverse, les communes ordinaires affichent une progression de leurs recettes, soit une hausse de 11,48 %, sans toutefois compenser les contre-performances observées dans les autres groupes.

La note de conjoncture souligne que la faiblesse des recettes propres est structurelle. La Contribution au développement local (Cdl), pourtant considérée comme un pilier de la fiscalité communale, enregistre une baisse continue depuis 2023. Cette contre-performance affecte particulièrement les communes ordinaires et celles à statut intermédiaire, pour lesquelles la Cdl représente une part substantielle des recettes fiscales.

Dépendance aux transferts de l’Etat

Les projections à fin décembre indiquent que l’exécution des recettes propres resterait inférieure à 43 %, un niveau jugé insuffisant pour garantir l’autonomie financière des collectivités territoriales. Face à cette faible mobilisation des ressources propres, la dépendance des communes aux dotations et subventions de l’Etat s’accentue. Au troisième trimestre 2025, ces transferts représentent 57 % des recettes totales de fonctionnement, contre 48 % à la même période en 2024. En valeur absolue pourtant, les dotations et subventions sont en recul, passant de 5,31 milliards à 4,59 milliards F Cfa.

Cette évolution traduit un paradoxe budgétaire : malgré la baisse des concours financiers de l’Etat, leur poids relatif augmente mécaniquement du fait de l’érosion des ressources locales. Une telle configuration fragilise la capacité des collectivités territoriales à assumer durablement leurs charges de fonctionnement et à planifier leurs investissements.

Dans un contexte de réforme de la décentralisation et de mise en place du Fonds d’investissement communal, ces résultats interrogent la capacité réelle des communes à jouer leur rôle de moteur du développement local. La persistance d’une faible mobilisation des ressources endogènes pourrait, à moyen terme, compromettre les objectifs d’autonomie financière consacrés par le Code de l’administration territoriale.

Si les perspectives macroéconomiques nationales demeurent globalement favorables, avec une croissance économique réalisée à 7,5 % en 2024 et projetée à 6,4 % en 2025, la situation des finances locales rappelle que cette dynamique ne se traduit pas automatiquement par un renforcement des capacités financières au niveau communal. L’amélioration durable des performances budgétaires locales apparaît ainsi comme un enjeu central de la gouvernance territoriale.