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Financement du développement au Bénin: Ce que recommande la Bad pour dynamiser les ressources

Economie
La Bad appelle à une mobilisation des capitaux fondée sur une gouvernance renforcée, l’ex- ploitation optimale du capital naturel et une intégration intelligente des leviers financiers,  humains et institutionnels La Bad appelle à une mobilisation des capitaux fondée sur une gouvernance renforcée, l’ex- ploitation optimale du capital naturel et une intégration intelligente des leviers financiers, humains et institutionnels

Alors que le Bénin doit mobiliser près de 1500 milliards F Cfa par an pour financer sa transformation économique, la Banque africaine de développement plaide pour une réforme systémique. Son rapport 2025 propose des leviers pour structurer une mobilisation intégrée et durable des capitaux.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 07 juil. 2025 à 08h13 Durée 3 min.
#Banque africaine de développement (Bad)

Le Bénin a besoin de mobiliser environ 2,43 milliards de dollars, soit 1 475 milliards de francs Cfa, chaque année jusqu’en 2030, afin de financer ses infrastructures, développer son capital humain et renforcer sa productivité. Malgré les progrès réalisés, un déficit structurel de financement persiste et représente environ 5 % du produit intérieur brut (Pib) chaque année depuis dix ans, révèle le Rapport pays 2025 sous-titré « Tirer le meilleur parti du capital du Bénin pour favoriser son développement» de la Banque africaine de développement (Bad).

L’institution financière insiste sur la nécessité pour le Bénin de dépasser l’approche centrée sur les seules ressources budgétaires. Le premier levier identifié porte sur l’élargissement et la diversification de l’assiette fiscale. En 2024, les recettes fiscales ont représenté 13,3 % du Pib, un taux encore inférieur à la moyenne régionale. La Bad recommande d’intensifier la numérisation des services fiscaux, d’élargir la base au secteur foncier, aux ressources naturelles et aux activités informelles, tout en supprimant progressivement les paiements en espèces dans l’administration publique.

Le renforcement de la fiscalité verte et foncière est également évoqué. Il est préconisé l’instauration de mécanismes incitatifs liés à la préservation des écosystèmes et à l’usage responsable du sol.

Valoriser les capitaux naturel et humain

Pour l’exploitation optimale du capital naturel qui est souvent invisible dans les comptes publics, la Bad recommande au Bénin de mettre en place un Système de comptabilité économique et environnementale. Cet outil permettrait de mesurer la contribution réelle des ressources naturelles à l’économie et d’adopter une planification plus durable des investissements dans les secteurs agricole, forestier, halieutique ou climatique.

Aussi, il est question de réformer le système éducatif pour valoriser le capital humain. L’indice du capital humain du Bénin reste faible (0,40) et le sous-emploi touche plus de 72 % de la population active. Pour y remédier, la Bad insiste sur une réforme en profondeur de l’enseignement technique et professionnel, afin de répondre aux besoins du marché. L’amélioration de la santé de base, de la protection sociale et de la formation continue doit également être intégrée aux politiques de développement des compétences.

Mobiliser l’épargne et la diaspora

Le capital financier demeure peu développé, avec un crédit au secteur privé représentant seulement 19,7 % du Pib au Bénin. La Bad recommande de mobiliser l’épargne intérieure à travers la Caisse des dépôts et consignations du Bénin (Cdcb), de renforcer le rôle des banques publiques et de mettre en place des produits financiers destinés à la diaspora, tels que les bons et obligations dédiés au financement de projets nationaux.

Le développement d’un marché des obligations thématiques, notamment vertes et sociales, en monnaie locale, est également perçu comme un levier structurant pour canaliser les financements privés vers les priorités publiques.

Enfin, la Banque invite à promouvoir les champions nationaux et les filières à contenu local, notamment dans l’agro-industrie, le textile, les matériaux de construction ou les services numériques. L’insertion des petites et moyennes entreprises (Pme) dans les chaînes de valeur régionales, leur accès au crédit, aux marchés publics et à la commande publique sont considérés comme essentiels pour créer un cercle vertueux d’investissement et de création d’emplois.