La Nation Bénin...
Le Bénin se distingue comme l'un des pays les plus
réformateurs en 2024 en Afrique subsaharienne. Entre digitalisation des
services publics, modernisation fiscale et sécurisation foncière, le pays
engage une nouvelle ère favorable aux entreprises.
L'année 2024 aura marqué un tournant décisif pour
l'environnement réglementaire des entreprises en Afrique. Malgré un contexte
macroéconomique encore fragile et une croissance des investissements qui peine
à décoller, plusieurs nations ont engagé des transformations structurelles
majeures qui ont payé. Le Bénin figure en bonne place parmi ces pays
réformateurs, aux côtés du Rwanda, du Kenya ou encore de Madagascar. La Banque
mondiale, dans son rapport 2025 sur l'évaluation des politiques et institutions
en Afrique, souligne trois axes de progrès majeurs. Il s’agit de la
numérisation des services administratifs, la modernisation des systèmes fiscaux
et le développement du droit de la concurrence. Autant de domaines où le Bénin
a su se montrer particulièrement actif.
Pionnier en matière de digitalisation, le rapport
reconnait que le Bénin a considérablement modernisé son administration. Le pays
a notamment mis en place des plateformes innovantes pour la délivrance des
permis de construire et les raccordements aux services publics. Cette
transformation digitale s'inscrit dans une stratégie plus large visant à
simplifier la vie des entreprises. Le Bénin a su réduire drastiquement les
délais de création d'entreprises avec des plateformes d'enregistrement en
ligne, comme c’est le cas au Rwanda avec son système intégré. Une avancée qui
commence à porter ses fruits, comme en témoigne la croissance du nombre de créations
d'entreprises enregistrées ces dernières années. Le rapport de la Banque
mondiale met en lumière les importantes réformes fiscales entreprises par
plusieurs pays de la région. La Côte d'Ivoire et le Sénégal ont instauré une
Tva sur les services numériques. Le Bénin a quant à lui engagé une refonte
complète de son administration fiscale. Le pays a notamment travaillé à
harmoniser sa réglementation avec les standards internationaux. Sur le front du
droit des affaires, les États membres de l'Organisation pour l'harmonisation en
Afrique du droit des affaires (Ohada) ont bénéficié de la révision de l'Acte
uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement. Le Bénin et ses
partenaires ont travaillé à moderniser le cadre juridique pour faciliter autant
l'entrée que la sortie des entreprises du marché.
L'épineuse question
Malgré ces avancées, des obstacles importants subsistent. Le rapport pointe notamment les difficultés liées aux régimes d'insolvabilité, au travail informel et surtout à l'accès à des terres sûres. De nombreuses petites entreprises et entreprises informelles restent déconnectées des plateformes numériques et des services publics. Pour renverser la tendance dans le domaine foncier, les réformes ont visé à renforcer l’efficacité administrative et à sécuriser les droits de propriété. Ainsi, le Bénin a engagé des réformes ambitieuses en rendant les opérations de formalisation des droits fonciers entièrement numériques dans plusieurs municipalités. Une initiative menée également au Burundi, où tous les titres fonciers de Bujumbura ont été numérisés, et en Zambie avec le système d'enregistrement foncier digital. Pourtant, comme le souligne le rapport, l'accès à la terre reste inégal, particulièrement pour les femmes et les petites entreprises. Autre défi majeur est la réforme des entreprises publiques. Si l'Éthiopie a pris des initiatives prévoyant plus de transparence et d'égalité concurrentielle avec de nouvelles lois, la Banque mondiale estime que des efforts supplémentaires sont nécessaires dans toute la région. Le marché du travail constitue un autre front de réforme. Plusieurs pays, à l'image du Mozambique, de Madagascar ou du Ghana, ont modernisé leur législation du travail, mais il reste encore à faire dans beaucoup de pays. Le rapport fait remarquer que les notes moyennes restent faibles sur certains aspects comme la concurrence sur le marché avec 39,50/100, l'insolvabilité des entreprises avec 48,38/100 ou la fiscalité avec 52,42/100. Toutefois, les progrès dans les économies africaines sont indéniables dans l'adoption de réglementations avec une note moyenne de 62,18. Le Bénin, par ses réformes ambitieuses et sa volonté de modernisation, relève de grands défis pour un environnement des affaires apaisé. Reste maintenant à transformer ces avancées réglementaires en résultats concrets pour les entreprises et les investisseurs.
Les notes dans le domaine des services publics liés à l’implantation des entreprises et aux services financiers