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Echanges extérieurs du Bénin: Le déficit commercial réduit de 25,7 % en 2024

Economie
Port autonome de Cotonou Port autonome de Cotonou

Le rapport 2024 de l’Instad sur le commerce extérieur du Bénin révèle une amélioration du déficit commercial grâce à la baisse des importations. Cependant, les échanges restent marqués par une faible diversification des exportations et un recul des échanges régionaux.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 08 juil. 2025 à 08h15 Durée 3 min.
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Le déficit commercial du Bénin est passé de 1 636,4 milliards F Cfa en 2023 à 1 215,7 milliards F Cfa, soit une chute de 25,7 % en un an, selon le rapport Grands traits du commerce extérieur du Bénin en 2024 (Instad, mai 2025). Cette amélioration s’explique par une baisse notable des importations (–16,9 %), tandis que les exportations ont progressé de 5,5 %.

Toutefois, cette dynamique favorable reste fragile. Le taux de couverture des importations par les exportations s’élève à seulement 35,7 % (674,7 milliards de F Cfa de ventes de marchandises contre 2 136,0 milliards F Cfa d’achats à l’extérieur), bien en dessous du niveau de 52,2 % observé en 2004. Les chiffres montrent une situation structurellement déficitaire depuis deux décennies, avec des flux commerciaux en dents de scie. La balance commerciale est en déficit continu sur la période 2004-2024 en passant de 190,5 milliards F Cfa à 1 215,7 milliards F Cfa, traduisant une forte exposition aux chocs extérieurs et une dépendance vis-à-vis de marchés et de produits volatiles.

En fait, le déficit commercial est chronique avec une base exportatrice très peu diversifiée et dominée par les produits bruts. Le commerce extérieur béninois reste massivement tourné vers l’exportation de matières premières, principalement non transformées. En 2024, le «coton non cardé ni peigné » domine largement les ventes avec près de 45 % du total des exportations pour une valeur de 303,6 milliards F Cfa. Viennent ensuite les «graines et fruits oléagineux » avec 61,2 milliards. Ce profil montre une faible montée en gamme, privant le pays de revenus supplémentaires issus de la transformation.

Le développement d’un programme national d’appui à l’exportation pour les petites et moyennes entreprises (Pme) pourrait contribuer à diversifier l’offre exportable et à mieux intégrer le tissu productif au commerce mondial.

Commerce régional en perte de vitesse

La concentration géographique des exportations reste également problématique. L’Asie absorbe 68,2 % des produits exportés, loin devant l’Afrique (15,1 %) et l’Europe (10,8 %). Le Bangladesh, à lui seul, capte 43,2 % des exportations.

Alors que le Bénin est membre actif de la Cedeao et de l’Uemoa, les exportations vers ces espaces sous-régionaux ont chuté fortement en 2024: –30,2 % vers les pays de l’Uemoa et –11,9 % vers l’ensemble de la Cedeao. Le solde commercial entre le Bénin et les autres pays de la Cedeao est déficitaire de 259,8 milliards F Cfa dont 139,8 milliards de F Cfa pour les pays de l’Uemoa. Cette tendance, qui va à rebours de la logique d’intégration économique, est d’autant plus préoccupante que le solde commercial avec l’Afrique se détériore avec une chute considérable de 301,8 milliards F Cfa par rapport à 2023.

Même si les exportations vers le Nigeria et le Ghana ont fortement progressé (respectivement +92,5 % et +93,4 %), le solde commercial global avec ces pays reste déficitaire : –80,8 milliards avec le Nigeria, –39,8 milliards avec le Ghana. Cet état de choses révèle un déséquilibre structurel dans les échanges régionaux, souvent entravés par les barrières non tarifaires, les problèmes logistiques ou l’inefficacité des accords préférentiels.

La relance des échanges intra-Uemoa et Cedeao passe par une meilleure logistique régionale, la suppression des obstacles non tarifaires, et une stratégie commerciale plus offensive au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Par ailleurs, les réexportations restent un levier à mieux structurer, notamment à travers les zones franches et les entrepôts et en lien avec le port de Cotonou, pour en faire une plateforme régionale de commerce et de transit compétitive.

Dépendance alimentaire

Les importations du Bénin restent dominées par les produits de base, selon le rapport. Elles montrent une forte exposition du pays à l’étranger pour des produits essentiels, notamment alimentaires. Le riz, par exemple, représente à lui seul 428,5 milliards F Cfa d’achats en 2024, en hausse de 8,2 % sur un an. Cette dépendance alimentaire reste problématique dans un contexte de volatilité des prix mondiaux et de pression sur les devises.

Valoriser la production locale à forte valeur ajoutée est une piste à explorer. Une politique agricole ambitieuse axée sur l’autosuffisance en riz et autres denrées de base, permettrait de réduire la facture alimentaire et de contenir les pressions sur la balance commerciale.

Les autres produits majeurs d’importation sont les huiles de pétrole (10,8 %) et les médicaments (3,5 %), confirmant là aussi une forte dépendance énergétique et sanitaire. L’Inde (17,6 %), la Chine (12,5 %) et la France (9,2 %) restent les principaux fournisseurs, avec une présence régionale non négligeable (Nigeria, Togo, Côte d’Ivoire).

L’optimisation du Guichet unique du commerce extérieur, la poursuite de la dématérialisation des formalités douanières ainsi que l’amélioration de la qualité des statistiques commerciales sont des mesures clés.