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Echanges commerciaux: Le Bénin prône une libre circulation des personnes et des biens

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Les citoyens béninois soutiennent massivement la libre circulation en Afrique de l’Ouest et l’ouverture du pays aux échanges commerciaux internationaux. Dans ce sens, la majorité déplore les obstacles persistants aux frontières et la faible connaissance de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 01 sept. 2025 à 08h23 Durée 3 min.
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La libre circulation des personnes et des biens apparaît comme une condition incontournable de l’intégration et du développement. La voix des citoyens béninois s’élève en faveur d’une Afrique sans barrières.

Selon les résultats de la dernière enquête Afrobaromètre, près de trois quarts des Béninois (74 %) estiment que les populations vivant dans la sous-région ouest-africaine devraient pouvoir franchir librement les frontières pour travailler ou commercer. Cette adhésion reflète une aspiration forte à l’intégration régionale et à la mobilité économique, deux piliers souvent cités comme indispensables au développement du continent. Pourtant, derrière ce soutien massif se cache une réalité contrastée. Huit répondants sur dix jugent qu’il est aujourd’hui «difficile» (47 %) ou « très difficile » (31 %) de circuler entre pays voisins pour des raisons professionnelles ou commerciales. Ces obstacles, liés aux formalités administratives, aux tracasseries douanières ou encore aux infrastructures frontalières, continuent de freiner le dynamisme économique régional malgré les efforts affichés par les États et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Au-delà de la mobilité humaine, l’étude met en lumière l'adhésion des Béninois aux échanges commerciaux. Une écrasante majorité (83 %) souhaitent que le gouvernement intensifie la coopération économique avec d’autres pays afin de créer davantage d’opportunités. Fait notable, 70 % des répondants prônent une ouverture sans exclure personne ni rien, tournée vers le monde entier. Seule une minorité se montre favorable à un recentrage sur l’Afrique (20 %) ou sur la seule Afrique de l’Ouest (6 %). Ce choix traduit une conscience croissante des interdépendances économiques mondiales et une volonté de voir le Bénin jouer pleinement sa carte dans le commerce international. Il illustre aussi les attentes des populations vis-à-vis des décideurs, sommés de mettre en place des politiques commerciales susceptibles de générer emplois et croissance.

En revanche

L’enquête pointe une méconnaissance préoccupante de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), considérée comme l’un des projets les plus ambitieux du continent. Seuls 8 % des citoyens béninois déclarent en avoir entendu parler. Même parmi les catégories les plus instruites, les plus aisées ou les plus âgées, ce taux plafonne à 10 % - 12 %. Pour les experts, il y a urgence à renforcer la communication et la sensibilisation autour de la Zlecaf, afin d’en faire un levier partagé et compris par les citoyens.

Les résultats d’Afrobaromètre confortent la politique affichée par le gouvernement, qui ne cesse de plaider pour une meilleure intégration régionale. Dans le programme d’action du gouvernement (Pag) et avec les différentes réformes économiques engagées, la libre circulation des biens et des personnes figure parmi les priorités. Le pays a multiplié les investissements dans les infrastructures routières et portuaires, afin de consolider sa place de carrefour commercial en Afrique de l’Ouest. Et les citoyens semblent partager cette vision. Pour eux, une ouverture renforcée est synonyme de nouvelles opportunités d’affaires, d’accès élargi aux marchés et d’amélioration du quotidien. Dans un contexte où sévit le chômage, notamment chez les jeunes, l’élargissement des débouchés commerciaux apparaît comme une solution attendue. Les tracasseries frontalières, la lenteur administrative et parfois la méfiance entre États minent encore la mise en œuvre effective de la libre circulation. Les résultats de l’enquête Afrobaromètre envoient un signal fort que la population souhaite une intégration régionale réelle et une ouverture accrue au monde. Pour beaucoup de commerçants béninois, franchir une frontière voisine demeure un parcours semé d’embûches. À cela s’ajoute la faible sensibilisation aux initiatives panafricaines comme la Zlecaf, censée offrir des perspectives économiques inédites. Le défi est de lever les obstacles institutionnels et administratifs, tout en rendant les citoyens acteurs d’un projet qui les concerne directement. La tâche du gouvernement sera d’accompagner cette aspiration en poursuivant les réformes, en renforçant la fluidité aux frontières et en vulgarisant les initiatives continentales. Au-delà des chiffres, c’est bien d’une conviction populaire qu’il s’agit. L’avenir économique du pays passe par la coopération et l’intégration.