La Nation Bénin...
Fidèle
à la doctrine sociale de l’Eglise catholique, l’Institut des artisans de
Justice et de Paix s’est penché, jeudi 18 avril dernier à Cotonou, sur les
défis de l’économie mondiale. Autour du professeur John Igué, les implications
de l’état actuel de la coopération internationale dans les pays africains ont
été analysées et des pistes de solutions proposées, pour un mieux-être des pays
et des peuples.
Les
guerres, les catastrophes naturelles, les politiques migratoires, l’inflation
et l’intérêt des grandes puissances sont, entre autres, les principaux défis
qui influencent l’économie mondiale. C’est ce qu’il convient de retenir de
l’analyse du Pr John Igué à l’ouverture de la première conférence du deuxième
trimestre organisée par l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (Iajp).
Axée
sur le thème « L’économie mondiale et les défis de la coopération
internationale dans les pays africains », la communication donnée par le
Professeur de géographie, ancien ministre de l’Industrie et des Petites et
moyennes entreprises, directeur du Comité scientifique du Laboratoire d’Analyse
régionale et d’Expertise sociale (Lares), a fait savoir que « le monde et son
économie sont conditionnés par les crises et les erreurs humaines ». Dans son
développement, le communicateur a mis l’Accent sur les grandes puissances que
sont les Usa, la Chine, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et la Russie
dont la coopération avec l’Afrique se fait suivant les intérêts que vise
chacune d’elles. Pour les pays européens par exemple, on retient que la
coopération est basée sur comment compenser les besoins pour assurer son avenir
économique. La Chine vise à sécuriser les matières premières qu’elle n’a pas
sur son territoire, pour mieux assurer son marché. La coopération de la Russie
est basée sur l’idéologie militaire qu’elle véhicule. « Ainsi, l’Afrique
devient un enjeu au plan mondial où elle est maintenue dans une zone de
dépendance internationale », soutient John Igué.
L’autre
défi qu’il invite à prendre en compte, c’est le faible engagement des Africains
eux-mêmes. A l’en croire, « seulement 20 pour cent de l’élite africaine veut
changer la tendance». Ce qui l’amène à dire que la situation actuelle de la
coopération internationale ne permet pas à l’Afrique de construire son avenir à
cause des enjeux divergents au plan mondial. Il ajoute que « le monde actuel
est incertain, et c’est l’Afrique qui en paye le grand prix ».
Pour
inverser la tendance, il invite à prendre conscience des enjeux aux plans
mondial, africain et local. A ce sujet, il pointe du doigt les Etats-Unis,
première puissance mondiale, notamment dans 15 secteurs où le pays est 1er ou
2e et invite les pays africains à les imiter. Il réaffirme sa certitude en ce
qu’aucun pays ne peut véritablement se développer en dehors de sa langue et de
ses valeurs endogènes, et propose que les Etats africains s’y penchent.
Cette
position a été soutenue par un parterre de personnalités universitaires et
politiques dont les professeurs Brice Sinsin, Théodore Holo et l'ancien
ministre Lazare Sèhouéto.
En
clôturant les travaux, le Père Eric Aguénounon, directeur de l’Iajp, a souligné
que « l’Afrique doit se consacrer à elle-même, en s’arrimant à elle-même ;
toutes les zones linguistiques doivent s’arrimer ; tous les dirigeants doivent
s’arrimer ; toutes les richesses, toutes les forces vives doivent s’arrimer. »
Le professeur John Igué (au milieu) évoquant les défis de l'économie mondiale