La Nation Bénin...
Les projections du Fmi pour l’Afrique
subsaharienne augurent d’une embellie pour les économies en 2024. Toutefois,
des risques baissiers persistants exigent des pouvoirs publics des réformes et
arbitrages judicieux.
Un rebond de la croissance devrait se réaliser
l’an prochain en Afrique subsaharienne, après une année 2023 difficile sur le
plan économique, d’après le rapport Perspectives économiques régionales :
Afrique subsaharienne (Per) intitulé « Une éclaircie à l’horizon ? » du Fonds
monétaire international (Fmi), au titre de l’édition d’octobre 2023. Le taux de
croissance du produit intérieur brut (Pib) devrait remonter à 4,0 %, en
augmentation dans les quatre cinquièmes des pays de la région, après une chute attendue
à 3,3 % en 2023 et ce, pour la deuxième année consécutive, précise Younes
Zouhar, représentant résident du Fmi au Bénin, lors d’un point de presse animé,
ce jeudi 30 novembre à Cotonou.
Après la crise de Covid-19, le choc
inflationniste survenu à la suite de la guerre de la Russie en Ukraine a
suscité des hausses de taux d’intérêt dans le monde entier et entraîné un
ralentissement de la demande internationale, une hausse des écarts de rendement
sur les obligations souveraines et des pressions persistantes sur les taux de
change, selon le Fmi. Les pays de la région ont subi le ralentissement de
l’économie mondiale, une inflation globale, notamment alimentaire, un
renchérissement des emprunts dû au resserrement des conditions sur les marchés
financiers et une crise du coût de la vie, fait observer le conférencier.
Les perspectives sont particulièrement
favorables pour les pays pauvres en ressources naturelles où les déséquilibres
macroéconomiques se résorbent: l’inflation marque le pas dans la plupart des
pays de la région et les finances publiques empruntent une trajectoire plus
viable. Les pays de la région dont l’économie est plus diversifiée connaîtront
la croissance la plus élevée. Le redressement économique de la région pourrait
avoir déjà commencé, au regard de l’évolution au cours du deuxième semestre 2023.
Mais, rien ne le garantit sur le long terme, d’où il importe pour les pouvoirs
publics d’opérer des arbitrages pertinents.
Risques baissiers
La croissance pourrait être compromise en
l’absence de réformes adéquates et en cas d’accroissement de l’instabilité
politique dans la région ou de ralentissement de l’économie chinoise, souligne
Younes Zouhar. Face aux incertitudes, le Fmi a identifié quatre priorités. Il
incombe aux dirigeants des banques centrales de trouver les voies et moyens
pour faire baisser l’inflation persistante. Dans les pays où l’inflation est
élevée, il est question de maintenir les taux à leur niveau tant qu’une
convergence vers sa valeur cible ne serait pas observée. Dans les pays où
l’inflation augmente encore, la poursuite du resserrement de la politique
monétaire peut s’avérer salvatrice.
La deuxième priorité porte sur la gestion des
pressions sur les taux de change, à travers une meilleure orientation de la
politique monétaire en vue de maîtriser l’inflation. Le Fonds recommande aussi
le soutien ciblé en faveur des pauvres ainsi que des réformes structurelles
pour renforcer le secteur des exportations, et le rééquilibrage des comptes
publics lorsque le déficit budgétaire s’accentue.
Troisième priorité, les dirigeants sont appelés
à honorer les remboursements de dette tout en se ménageant des marges de
manœuvre pour les dépenses prioritaires de développement. Globalement, il est
attendu que la politique budgétaire s’adapte à la baisse des financements sur
le plan international et à la multiplication des facteurs de vulnérabilité liés
à l’endettement exacerbé depuis la crise de Covid. Cela passera par
l’augmentation des recettes intérieures, la rationalisation des dépenses et des
emprunts prudents orientés surtout vers des secteurs productifs. Au cas où la
dette n’est pas viable alors que les besoins de développement restent
considérables, des restructurations s’avèreraient nécessaires.
Selon Younes Zouhar, représentant résident du Fmi au Bénin, la récurrence des chocs économiques a érodé une bonne partie des progrès réalisés ces dernières années en Afrique subsaharienne