La Nation Bénin...
Les établissements de crédit et les institutions de
microfinance de l’espace Uemoa ont consolidé leur rôle dans le financement de
l’économie en 2024. Les chiffres publiés par la Bceao révèlent une croissance
notable des dépôts et crédits, mais pointent aussi des défis persistants,
notamment sur la qualité des portefeuilles.
En dépit d’un contexte économique marqué par de multiples
incertitudes, les institutions de microfinance (Imf) et les établissements de
crédit de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) affichent des performances
globalement en hausse pour l’année 2024. C’est ce qui ressort du rapport annuel
récemment publié par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest
(Bceao).
Dans le secteur de la microfinance, la dynamique
d’intermédiation et d’inclusion financière s’est poursuivie. À fin 2024, près
de 19,4 millions de bénéficiaires ont eu accès aux services des Imf, contre 18
millions un an plus tôt. Les Imf de l’Union ont collecté 2 476,0 milliards de F
Cfa de dépôts, en hausse de 8,9 %, représentant ainsi 5,2 % des dépôts captés
par l’ensemble des établissements de crédit. Cependant, l’activité reste fortement
polarisée par l’épargne à vue, qui constitue plus de la moitié des ressources
mobilisées. L’épargne provient majoritairement des hommes (47 %), tandis que
les femmes contribuent à hauteur de 23,1 % et les groupements pour près de 30
%. Côté crédits, l’encours a progressé de 5,9 % pour s’établir à 2 710,6
milliards de Fcfa, soit 7,4 % de l’encours global de crédits de l’Union. Mais
le taux brut de dégradation du portefeuille des Imf a grimpé à 7,9 %, contre
6,9 % en 2023, dépassant largement la norme de 3 % généralement admise dans le
secteur. Cette détérioration soulève des inquiétudes sur la gestion du risque
et la viabilité de certaines structures, notamment dans un contexte où le
montant moyen de financement par membre recule légèrement (-1,8 %).
Face à ces vulnérabilités, la Bceao et les dirigeants nationaux poursuivent la mise en œuvre de la Stratégie régionale d’inclusion financière (Srif). En 2024, plusieurs plans de redressement ont été élaborés pour les Imf en difficulté, notamment au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo. Des diagnostics similaires sont en cours au Burkina Faso, au Mali et au Niger. En Guinée-Bissau, un plan d’action spécifique est en cours de déploiement après une mission de diagnostic. Ces actions visent à renforcer la solidité du secteur de la microfinance, pilier essentiel pour l’accès des populations vulnérables aux services financiers, et à garantir la confiance des déposants.
Des crédits stables
Les établissements de crédit de l’Union ont vu leurs ressources progresser de 9,6 % en glissement annuel, soit une augmentation de plus de 5 140 milliards F Cfa pour atteindre un total de 58 628,5 milliards. Cette hausse est essentiellement portée par la progression des dépôts de la clientèle (+7,2 %) et des fonds propres nets (+13,7 %). La structure des ressources reste dominée à près de 81 % par les dépôts, traduisant la prédominance des banques de détail dans le paysage bancaire régional. Du côté des emplois, les banques de l’Union ont consolidé leurs engagements à hauteur de 64 379,5 milliards, en hausse de 8,6 % par rapport à 2023. Les crédits à la clientèle représentent toujours le principal poste d’emplois (57,2 %), malgré une légère baisse par rapport à l’année précédente où ils constituaient 59 %. Le portefeuille de titres détenus par les banques affiche quant à lui une progression notable de 11,7 %, signe d’un intérêt croissant pour les placements sûrs, notamment les obligations souveraines. Si la liquidité reste structurellement déficitaire, le déficit de trésorerie s’est légèrement réduit, passant de -5 782,3 milliards à -5 751,0 milliards de F Cfa.
Par ailleurs, la qualité du portefeuille s’est timidement améliorée avec un taux brut de dégradation qui est passé de 8,7 % à 8,5 %, malgré une hausse de 3,3 % des créances en souffrance brutes. Le taux net, quant à lui, recule de 0,1 point pour s’établir à 3,3 %, reflétant les efforts de gestion du risque de crédit. Autre indicateur rassurant est le ratio global de solvabilité qui se maintient à un niveau confortable de 13,7 %, au-dessus du seuil réglementaire de 11,5 % imposé par la Bceao, même si un peu plus de 16 % des établissements de crédit demeurent en situation de non-conformité. Le système bancaire et de la microfinance au sein de l’Umoa montre une bonne résilience. Cependant, la maîtrise du risque de crédit, l’amélioration de la qualité des portefeuilles et la poursuite des réformes structurelles sont indispensables pour maintenir une trajectoire de croissance inclusive et durable.