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Vodun days 2024: Agondji offre un avant-goût de la fête

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D’importants travaux d’aménagement ont été engagés dans toute la ville D’importants travaux d’aménagement ont été engagés dans toute la ville

A Agondji dans le bastion de sa majesté Dadah Daagbo Hounon Hounan II, les initiés n’attendent pas le 10 janvier pour se lancer dans les célébrations. Au nombre des préparatifs, de nombreuses cérémonies auxquelles adeptes et dignitaires s’adonnent depuis quelques jours déjà. 

Par   JFM, le 07 janv. 2024 à 23h23 Durée 5 min.
#Vodun days 2024 #Agondji #un avant-goût de la fête

Pagnes soigneusement noués à la taille, colliers au point, toute en sueur, Nathalie Etchigbefou, la trentaine, peine à retrouver le rythme normal de sa respiration. Elle sort d’une longue séance d’animations ponctuée de chants et louanges à sa divinité, pendant que les dignitaires procédaient à des rituels. Elle a rejoint le rang des adeptes du kambada/gambada depuis bientôt quatre ans. Mais très vite, elle a gravi les échelons et revendique déjà un rang de Tassinon (prêtresse). « Mon initiation m’a sauvé la vie », relate-t-elle en se plongeant dans ses souvenirs. « Je suis devenue adepte suite à un malheur. J’étais enceinte et j’avais déjà perdu l’enfant sans le savoir. J’ai été initiée sur conseil de ma sœur aînée qui était adepte… Depuis que j’y suis, je ne manque de rien. Je suis comblée mais je souhaite en avoir plus, c’est pourquoi je me dévoue corps et âme à ma divinité», confie-t-elle. Comme bien d’autres adeptes et dignitaires, Nathalie Etchigbefou assure que les célébrations de cette année seront particulières. « Les fêtes de cette année marquent une différence… Nous avons l’assurance qu’il n’y aura aucun accident du fait de l’état des voies par exemple. C’est déjà une grande avancée », indique-t-elle. Bien parée le 10 janvier prochain, elle fera le déplacement de la plage de la Porte du non-retour avec «pour mission de chanter et de louanger les divinités» et pour y arriver, elle se «prépare en conséquence ». 

Hounon Djissi Amannandi, un autre dignitaire de la ville de Ouidah se dit lui aussi prêt pour la célébration. « Nous nous préparons depuis un an déjà. Ce qui nous réjouit, c’est l’apport du gouvernement à la visibilité de la fête », apprécie-t-il. « Tout change, la fête du Vodun aussi vibre aux rythmes des changements et cela nous réjouit. Cela aura surement pour avantage de drainer plus de touristes », espère ce dignitaire. « Qu’ils viennent avec une main et nous les accueillerons avec deux mains », déclare-t-il. Hounon Djissi Amannandi laisse entendre que tous les touristes ne viennent pas en visite uniquement. « Certains sont à la quête de solutions à de nombreux problèmes et difficultés et nous les aidons», confesse-t-il. Ce qui le réjouit dans les festivités de cette année, c’est bien ce changement de dénomination. Il assimile la nouvelle dénomination de la fête du 10 janvier à une illustration de ce que le Vodun doit être pérennisé et se pérenniser de lui-même en créant sa propre métamorphose.

« On lui portait de mauvais jugements avec des noms qui l’avilissaient, mais les Vodun days permettent au Vodun de s’internationaliser et de s’exporter sans difficultés. 

Témoignages

Pour ceux qui doutent encore des bienfaits des divinités dans leur vie, l’Américain Christopher Swain fait des exhortations. Depuis une dizaine d’années, cet afro-descendant expérimente sa relation avec les divinités et s’en réjouit. Il dit n’en tirer que gains et satisfactions. « Je viens ici pour me ressourcer et me reconnecter spirituellement», soutient-il. « Chaque année, c’est un plaisir pour moi d’être là. J’en tire de nombreux avantages et c’est parce que j'y retrouve satisfaction que chaque année je suis là», témoigne-t-il. Christopher assure qu’à son niveau, la relation adepte-divinité est une expérience toute singulière. Pour preuve, illustre-t-il, lors de son passage l’année dernière, il avait formulé le vœu de changer de travail et de migrer vers un emploi qui réponde au mieux à ses besoins. « Dans les semaines qui ont suivi mon retour au pays, j’ai obtenu un emploi meilleur avec une meilleure situation salariale. J’ai compris alors que mes vœux ont été exaucés par mes dieux. Cette année, en plus de mes demandes, je suis venu également témoigner une sincère gratitude ». Au-delà de la relation avec ses dieux, Christopher Swain se sent «chez lui à Ouidah». Il dit y trouver accueil, écoute et une réceptivité qui lui font se sentir en famille. «Cette année, j’ai noté depuis mon arrivée que la ville a beaucoup changé et je voudrais demander aux populations d’en prendre soin», exhorte-t-il par ailleurs. Pour Hounnon Kadewa, les mots de l’Américain viennent confirmer tout le bonheur que couvent le respect et la confiance envers les divinités. Le nom qu’on fait porter au Vodun Hwendo n’est pas le sien, nuance le dignitaire. Ici, il est question de bonté, d’amour, de don de soi, de bonheur… rassure-t-il. Toutes choses qui, le 10 janvier prochain, devront être rappelées à la face du monde, à l’occasion des festivités prévues dans le cadre des Vodun days.