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Un an de la 7e mandature de la Haac: Des professionnels des médias livrent leurs impressions

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Odilon  Gnonhoue Odilon Gnonhoue

Depuis un an, la septième mandature de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac), sous la présidence d’Édouard Loko, s’attèle à réguler le secteur des médias au Bénin. À travers diverses décisions et actions, elle oeuvre à restaurer la crédibilité, assainir le paysage médiatique et accompagner les professionnels dans un secteur en pleine mutation. Des acteurs des médias béninois partagent ici leurs impressions sur cette mandature.

Par   par Babylas ATINKPAHOUN et Isidore GOZO, le 09 juil. 2025 à 09h18 Durée 3 min.
#HAAC Bénin

Je pense que les différentes décisions prises par la septième mandature de la Haac depuis son installation peuvent être classées en trois catégories. Primo, certaines décisions s'inscrivent dans la dynamique de l'institution visant à redorer le blason de l'audiovisuel et de la communication au Bénin ; ensuite, une série de mesures vise à assainir le secteur des médias au Bénin; enfin, j'ai observé des décisions destinées à renforcer la crédibilité et la responsabilité des acteurs des médias exerçant au Bénin. De façon globale, j’apprécie positivement ces décisions qui témoignent de la volonté et de la détermination de cette mandature à nettoyer l’écurie d’Augias, qui présentait depuis quelques années un profond besoin d’assainissement.

Je pense par ailleurs que cette mandature de la Haac est une mandature charnière qui n’aura pas droit à l’erreur, car elle est présidée par un fin connaisseur des maux qui minent le secteur et composée majoritairement de professionnels des médias, donc de conseillers bien au fait des réalités et des défis du secteur.

Le président Édouard Loko et son équipe sont sur la bonne voie, car ils travaillent à faire retrouver au secteur des médias béninois ses lettres de noblesse, dans un contexte où il était perçu comme un nid de mauvaises pratiques.

Barnabas Orou Kouman,  promoteur du Groupe  de  Presse  Daabaaru et  président de  l’Unamel-Bénin

L’arrivée de la Haac dirigée par Édouard Loko nous a donné de l’espoir, grâce à la qualité des conseillers, majoritairement d’anciens professionnels des médias. Les premières décisions prises nourrissent cet espoir, car nous nous y retrouvons parfaitement. Il faut rappeler que l’Union Nationale des Médias en Ligne du Bénin (Unamel-Bénin) a clairement affiché sa position d’association attachée au respect des textes en vigueur au Bénin dans l’exercice de la profession. À ce titre, nous avons rencontré l’ensemble des conseillers ainsi que le président Édouard Loko pour leur faire part de nos attentes dès leur installation.

Parmi les préoccupations que nous leur avons soumises figuraient l’assainissement du secteur des médias en ligne et la formation des acteurs de ce secteur.

Sur le premier point, la Haac a suspendu tous les médias en ligne n’ayant pas d’existence légale au Bénin et a lancé un processus de recrutement de nouveaux médias en ligne désireux de fournir de l’information au public. Quant à notre deuxième doléance, la Haac l’a également prise en compte en nous conviant à plusieurs ateliers de formation sur diverses thématiques, dont les conventions, la sécurité, le fact-checking, etc. Nous avons aussi constaté une proximité entre la Haac et nous, professionnels des médias, à travers plusieurs actions, notamment la célébration du 3 mai. Notre appréciation est très bonne. Pour le chemin parcouru, nous sommes très satisfaits et invitons la Haac à poursuivre sur cette lancée. Notre plus grande attente reste l’aide de l’État à la presse privée.

Odilon  Gnonhoue,  Dp  Flash  Info,  président  de  Conaweb

L’un des vœux les plus chers aux professionnels des médias concernant la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) était qu’elle soit un jour dirigée par l’un des leurs. Ce vœu est devenu réalité avec la 7 mandature dirigée par Édouard Loko depuis un an. Sans surprise, les premiers pas de cette mandature ont rapidement montré aux professionnels des médias qu’ils ne s’étaient pas trompés en demandant au chef de l’Etat d’exaucer ce vœu précieux.

Des décisions ont été prises dans tous les domaines de compétences de l’institution. De la régularisation à la formation, plusieurs actions ont été menées en un an. Même si certaines mesures ne font pas l’unanimité, la majorité des professionnels clament haut et fort que les lignes ont commencé à bouger. Si cette dynamique est maintenue jusqu’à la fin du mandat, ce sont le métier et ses praticiens qui en sortiront gagnants, car l’assainissement de la profession et une meilleure santé des entreprises de presse se profilent déjà à l’horizon.

Lorys Hounon,  président  du  Regroupement  des  Promoteurs  et  Professionnels  des  Médias  Digitaux du  Bénin  (Repromed-Bénin)

La première année de la 7 mandature de la Haac laisse entrevoir des perspectives prometteuses. Le ton a été donné dès le départ, avec une volonté clairement affichée par le président et les conseillers de redorer le blason de la presse béninoise. Ce volontarisme se reflète dans les actes posés, qui rassurent sur leur engagement à faire bouger les lignes. On peut raisonnablement espérer des lendemains meilleurs pour le secteur. En tant qu’acteur du sous-secteur des médias digitaux, je retiens particulièrement la célérité observée dans le processus d’autorisation des médias en ligne. Il faut rappeler que ce chantier, lancé sous la mandature de Boni Tessi, avait connu une longue période d’inertie administrative, durant laquelle les professionnels du numérique opéraient dans un flou réglementaire anxiogène. La 6 mandature avait certes signé les premières conventions, mais c’est bien la 7 qui a accéléré les choses. En à peine trois mois, une liste de médias présélectionnés a été publiée, un pas significatif qu’il convient de saluer, tout en espérant que le processus se poursuive avec la même rigueur.

Il serait prématuré de tirer des conclusions définitives. Certes, des efforts sont visibles, mais les attentes du secteur sont immenses. Il est indispensable d’engager des réformes profondes et structurelles. Tant que cela ne sera pas fait, tout progrès restera superficiel. Le secteur des médias a besoin de mesures fortes, d’une vision stratégique et d’un accompagnement durable pour sortir de sa fragilité actuelle.

Sur ce point, notre appréciation est plus nuancée. Le Repromed Bénin attend une collaboration plus structurée et sincère avec la Haac.

L’un des défis majeurs reste l’adaptation de la régulation à l’ère du numérique. Avec l’explosion des contenus en ligne, les journalistes traditionnels doivent faire face à une concurrence inédite, souvent en dehors des normes professionnelles. Il devient urgent d’accompagner les professionnels dans cette transition, à travers la formation continue, l’équipement et la mise à niveau des organes. La Haac gagnerait à appuyer des projets innovants et structurants dans ce sens.