La Nation Bénin...
Les députés et cadres parlementaires ont pris part à un atelier d’orientation consacré au travail domestique non rémunéré et à l’économie du soin. Une initiative du Consortium régional pour la recherche en économie générationnelle (Creg), en partenariat avec l’Assemblée nationale, et Population Reference Bureau (Prb), pour sensibiliser les décideurs à la reconnaissance économique et sociale de ce travail essentiel mais encore trop souvent invisible.
Longtemps relégué au second plan, le travail domestique non rémunéré, majoritairement assumé par les femmes, revient au cœur du débat public. A travers l’atelier d’orientation parlementaire sur le travail domestique non rémunéré et l’économie du soin, vendredi 17 octobre à Cotonou, les parlementaires sont appelés à repenser la mesure de la richesse nationale et à intégrer la notion d’économie du soin dans les politiques publiques. Initiée par le Creg, en collaboration avec Prb, l’Assemblée nationale du Bénin et le Réseau africain de promotion des comportements clés pour le développement durable (Rap2cdd), la rencontre a rassemblé des députés, des cadres parlementaires, des experts et des partenaires techniques et financiers autour d’un même constat : une part essentielle du travail humain échappe encore aux statistiques économiques et aux politiques sociales.
Le travail domestique non rémunéré désigne l’ensemble des activités quotidiennes réalisées sans contrepartie financière : cuisine, entretien du foyer, soins aux enfants, aux personnes âgées ou malades. Indispensable au bon fonctionnement de la société, il n’apparaît pourtant pas dans le produit intérieur brut (Pib), ni dans les calculs de richesse nationale. L’honorable Abdoulaye Gounou, président de la commission des relations extérieures, de la coopération au développement, de la défense et de la sécurité, a salué cette initiative et insisté sur l’urgence de donner une visibilité à ce travail méconnu. « Aujourd’hui, nous sommes à un rendez-vous d’équité et de justice sociale. Notre objectif est de comprendre ce que représente le travail domestique non rémunéré, de nous approprier ce concept et de prendre une loi juste dans ce sens. C’est dans l’intérêt de nos femmes, nos enfants et nous-mêmes », a-t-il déclaré.
Une contribution majeure à l’économie
Pour Aïssata Fall, directrice Afrique de Prb, cette rencontre est un tournant dans la reconnaissance de ce secteur vital. « Le travail de soin et de soutien familial est au cœur de notre société. Il permet aux familles de vivre, aux enfants d’apprendre, et aux actifs d’aller travailler. Sans ce travail, il n’y aurait ni développement durable, ni économie stable », a-t-elle rappelé. Le professeur Latif Dramani, président coordonnateur du Creg, a, pour sa part, mis en lumière les résultats des recherches menées par son consortium. Selon lui, le travail domestique non rémunéré représente environ 38 % du revenu total du Bénin. « Nous devons cesser de dire que les personnes qui restent à la maison ne font rien. Elles accomplissent un travail immense. L’économie du soin, qu’elle soit rémunérée ou non, constitue le socle de toute société. Il est temps de la sortir de l’ombre et de la valoriser à sa juste mesure », a-t-il plaidé.
Mahougnon Kakpo, premier secrétaire parlementaire, représentant le président de l’Assemblée nationale, a souligné la nécessité d’une réforme des politiques économiques pour intégrer cette dimension invisible. « Le Pib, bien qu’utile, ne reflète pas la totalité de l’activité économique. Il ignore le travail domestique et les soins familiaux qui constituent pourtant le fondement de notre société. L’Assemblée nationale doit jouer son rôle en plaçant cette reconnaissance au cœur des politiques publiques », a-t-il insisté. Selon lui, l’objectif est de bâtir une économie béninoise fondée sur la justice et l’équité intergénérationnelle, où chaque contribution, marchande ou non, trouve sa juste valeur.
Les travaux, soutenus par la Fondation Hewlett et le Centre de recherches pour le développement international (Crdi), ont permis de présenter les principales données sur le travail domestique non rémunéré, les transferts intergénérationnels et les enjeux de l’économie du soin. Plusieurs communications ont porté sur la valorisation du travail des femmes, les instruments statistiques à mobiliser et les implications législatives pour le Bénin. Les participants, députés, chercheurs, représentants d’Ong et journalistes, ont échangé sur les pistes de réformes à envisager : la prise en compte du travail domestique dans les statistiques nationales, la création de mécanismes de protection sociale pour les travailleurs du soin, et la sensibilisation du grand public à la valeur économique et sociale de ce travail invisible. L’atelier a également permis d’élaborer une feuille de route parlementaire, invitant les élus à intégrer les conclusions dans les réformes futures et à promouvoir des lois plus inclusives. Pour le Creg, le Prb et leurs partenaires, cet atelier constitue une étape décisive vers l’élaboration d’un cadre législatif qui reconnaît enfin le rôle central des femmes dans l’économie et dans la cohésion sociale.
L’atelier a permis d’élaborer une feuille de route parlementaire, invitant les élus à intégrer les conclusions dans les réformes futures et à promouvoir des lois plus inclusives