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Santé sexuelle et reproductive: Un colloque scientifique pour accélérer les progrès

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Le Bénin accueille la première édition du Colloque international sur les avancées scientifiques en santé sexuelle et reproductive en Afrique, du 27 au 29 octobre. L’objectif est de mutualiser les expériences, renforcer les données probantes et formuler des stratégies innovantes pour réduire la mortalité maternelle et infantile sur le continent.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 27 oct. 2025 à 03h00 Durée 3 min.
#santé sexuelle

C’est une première en Afrique de l’Ouest. Pendant trois jours, chercheurs, décideurs, acteurs de terrain et partenaires techniques et financiers se retrouvent à Cotonou pour réfléchir ensemble à l’avenir de la santé sexuelle et reproductive. Plus de 400 participants venus d’une vingtaine de pays africains et au-delà y prendront part. Selon Comlan Christian Agbozo, directeur executif de l'Abpf, ce colloque répond à des constats urgents. « Nous sommes face à des défis persistants liés aux droits en santé sexuelle et reproductive. Il est clair qu’aujourd’hui, nous devons définir des stratégies plus audacieuses, des stratégies qui intègrent des innovations », explique-t-il. L’un des enjeux majeurs réside dans le constat que les Objectifs de développement durable (Odd), notamment les objectifs 3 et 5 relatifs à la santé et à l’égalité des sexes, n’avancent pas au rythme souhaité. À cinq ans de l’échéance de 2030, les chiffres restent préoccupants. « Nous n’avons pas suffisamment de données probantes pour modéliser ou aligner nos stratégies afin d’avoir un haut impact », poursuit Comlan Christian Agbozo, soulignant que ce colloque vise à combler ce manque de connaissances et à renforcer la synergie entre science et action opérationnelle. Le Dr Élysée Somassè, expert sectoriel en santé, abonde dans le même sens. Pour lui, cette rencontre scientifique intervient à un moment important. « Nous sommes à un tournant décisif dans l’histoire des droits à la santé sexuelle et reproductive. Le contexte international change avec plusieurs bailleurs qui réduisent leurs financements, alors que les défis restent immenses », alerte-t-il. Au Bénin, la mortalité maternelle est estimée à 391 décès pour 100 000 naissances vivantes, loin de la cible de 70 décès fixée par les Odd à l’horizon 2030. La planification familiale, considérée comme une méthode contre la mortalité maternelle, ne couvre encore qu’une femme sur cinq, tandis qu’une sur trois seulement voit ses besoins réellement satisfaits. « Les défis sont énormes, notamment pour les adolescents et jeunes qui manquent encore d’accès à l’information et aux services. Il en est de même pour l’avortement sécurisé, un domaine où des efforts ont été faits, mais où beaucoup reste à concrétiser », précise Dr Élysée Somassè.

 

Vision

Ce colloque vise quatre objectifs principaux : analyser les progrès accomplis, partager les expériences innovantes, formuler des recommandations et renforcer l’engagement des décideurs et partenaires. Cette vision est partagée par Dr Aziza Aziz-Suleyman, spécialiste genre et santé, pour qui les droits sexuels et reproductifs sont au cœur même du développement. « La santé, outre le fait que c’est un bien et un service, est aussi un droit. Et lorsqu’on parle de santé sexuelle et reproductive, il s’agit d’un fondement essentiel du progrès des individus, des familles et des communautés », explique-t-elle. Elle insiste sur le lien étroit entre autonomie corporelle et développement social. « Lorsqu’on peut décider du moment et du nombre d’enfants que l’on souhaite, cela a des retombées positives sur la famille, sur la société, et permet aux États de mieux planifier leurs services sociaux de base », informe-t-elle. Au-delà du partage scientifique, le colloque se veut un cadre de mobilisation pour attirer de nouveaux financements et stimuler la coopération entre les pays africains et les partenaires internationaux. La présence des décideurs et des Partenaires techniques et financiers permettra d’engager le dialogue sur de nouveaux mécanismes de financement afin de consolider les acquis et soutenir les droits en santé sexuelle et reproductive. À travers cette rencontre inédite, le Bénin entend donc jouer un rôle moteur dans la construction d’une Afrique où la santé sexuelle et reproductive n’est plus un luxe, mais un droit effectif pour tous, en s’appuyant sur ses partenaires dans le domaine dont l’Agence belge de développement (Enabel), l’Association béninoise pour la promotion de la famille (Abpf), et plusieurs autres partenaires. Les attentes sont grandes, mais la dynamique engagée laisse entrevoir une volonté commune de transformer les engagements en actions concrètes pour sauver des vies et bâtir un avenir plus équitable?