La Nation Bénin...
Il
se susurre au sein des formations politiques, à l’approche des joutes
électorales notamment de la présidentielle, l’hypothétique question des
primaires. Un pari difficile à tenir sous les tropiques.
Le
modèle politique américain suivant lequel des primaires sont organisées pour
départager les candidatures au sein des grands partis politiques demeure un vœu
pieux sous le renouveau démocratique au Bénin, et bien au delà de nos
frontières. Pourtant, à l’approche de chaque échéance, ce vœu pieux est agité
dans l’opinion pour contenir des ambitions, maîtriser la troupe jusqu’à une
improbable délibération, loin des regards de la masse, et sur des critères bien
obscurs, frappés du sceau d’opportunisme dans le meilleur des cas. En octobre
prochain, soit dans exactement huit mois, les partis politiques devront déposer
leurs dossiers de candidatures pour la présidentielle 2026, conformément aux
dispositions du code électoral. Certes, depuis quelques années, la réforme du
système partisan tend à inverser les tendances, faire bouger les lignes, et
assainir le paysage politique. Mais sur ce chantier, le défi reste entier. “Les
primaires se tiendront au moment opportun... Il n’y aura ni bruit ni confusion.
Nos structures sont prêtes à organiser un processus transparent”, a annoncé
Christian Parfait Ahoyo, porte-parole du parti Union progressiste le renouveau
(UP-R), ajoutant que le processus respectera les règles internes du parti
politique, avec son organisation structurée, comprenant la Haute direction
politique, la direction exécutive, le bureau politique et ses sections
communales. Pourtant, l’UP-R ne s’est pas empressée de respecter ce mode de
désignation lors des échéances passées.
Incertitudes
Au niveau du parti Moele-Bénin, l’on s’est contenté d’un appel à candidatures comptant pour les élections générales de 2026. Dans un communiqué en date du 7 février 2025, la Direction des élections et des manifestations officielles (Demo) du parti invite les militants et militantes désireux de briguer un mandat électif à soumettre leur dossier de candidatures entre le 10 février et le 31 mars 2025. Le Bloc républicain (Br) s’est récemment illustré par la sanction prononcée contre un membre influent du bureau politique, l’ex-ministre Samou Séidou Adambi et deux autres personnes, pour avoir mené des « actions solitaires » dans le cadre des prochaines élections générales, en dehors des structures du parti. Depuis lors, rien n’a filtré sur la procédure de sélection des candidats. C’est dire à quel point un vent de démocratie dans la procédure de désignation des candidats, donc l’organisation des primaires, ne serait que bénéfique aux formations politiques. En attendant, les habitudes ont la peau dure. Comme dans un tour de magie, les militants découvriront un beau matin, avec surprise, le ou les candidats de leur formation politique aux différentes élections notamment à l’élection présidentielle, pour laquelle le dépôt des dossiers s’annonce dans quelques semaines.
De petits pas
En
réalité, aucun parti politique ne fait obligation, dans ses textes, aux
instances dirigeantes, d’organiser des primaires et de choisir uniquement parmi
ses militants, les candidats aux postes électifs. Qu’est-ce qui définit le plus
méritant ou détermine la préséance au sein du parti politique dans une
circonscription électorale pour les élections législatives ? Quel est le
baromètre pour jauger le duo candidat à la présidentielle, et le proclamer
ticket gagnant pour la compétition ? C’est tout un mystère. Combien de Béninois
n’étaient-ils pas surpris de la désignation de l’ancienne ministre Réckya
Madougou comme tête d’affiche du duo candidat du parti Les Démocrates à la
présidentielle de 2021 ? Cette question du mode de désignation a aussi fait
voler en éclats la cohésion au sein de l’ex-parti, l’Union fait la nation lors
de la présidentielle 2016, et les candidatures externes ont eu raison des
ambitions internes. Que dire des alliances contre nature de l’époque pour
soutenir le candidat Lionel Zinsou du parti Fcbe au pouvoir et deux partis
d’opposition, le Prd et la Rb. Tant que les partis ne parviendront pas à une
relecture interne de leurs textes pour établir des règles saines, claires et
transparentes, le mode de désignation des candidats restera la grosse équation
dans cette réforme du système partisan, avec son lot d’instabilité au sein des
formations politiques.
Fort heureusement, à l’échelle nationale, quelques contraintes régulent vaille que vaille la vie des partis. Sans doute de petits pas, mais très significatifs dans le contexte béninois. D’abord, la Constitution qu’on peine à classer dans les lois électorales mais qui n’en est pas moins une, limite le nombre de mandats des députés à trois. Cette réforme introduite lors de la révision constitutionnelle est une avancée considérable quand on se réfère à l’histoire politique du pays où certains acteurs affichent clairement leur tendance à vouloir passer toute leur vie au parlement, sans risque d’y être délogés, en raison de l’absence de règles internes dignes du nom au sein des partis. Ensuite, le code électoral qui, visant la consolidation des grands ensembles, la constitution de parti ayant un ancrage au plan national, a limité indirectement les candidatures fantaisistes pour les communales et les législatives. Obtenir 10 % de suffrages au plan national pour prétendre à l’attribution des sièges, et mieux 20 % par circonscription électorale (article 146), force à opérer un choix qui emporte l’adhésion populaire, par ricochet, miser sur le plus méritant. Sauf que l’Etat ne pourra pas s’immiscer dans la gestion interne des partis pour arbitrer les choix de candidats.
Les prochaines échéances électorales suscitent des initiatives dont la concrétisation pose débat