Cotonou Comedy Festival: La master class de Roukiata Ouédraogo libère les voix féminines

Venue transmettre l’essence de dix-sept années d’expérience dans le théâtre, l’humour et l’écriture, l’artiste burkinabè Roukiata Ouédraogo s’est donné pour mission de libérer la parole et d’ouvrir des horizons nouveaux. Techniques d’écriture, construction de récit, respiration, gestion du stress, posture scénique, etc. Le contenu dense de la formation a permis une véritable métamorphose des participantes. « Les femmes que j’ai vues au premier jour ne sont pas celles que j’ai retrouvées le lendemain », confie Roukiata, émue par la puissance transformatrice du travail accompli. L’un des exercices phares, inspiré de la danse butô japonaise, a suscité une forte charge émotionnelle. Pensée comme une exploration des zones d’ombre, cette pratique a permis à plusieurs femmes de briser des barrières intérieures, parfois ancrées de longue date. Certaines ont pleuré, d’autres ont ri ; toutes ont trouvé un espace d’expression qu’elles n’avaient jamais exploré. Le lendemain, celles qui hésitaient encore à prononcer quelques mots se sont avancées sur scène avec assurance pour déclamer un texte qu’elles venaient de concevoir.

Les participantes ont unanimement salué l’impact de cette immersion artistique. La comédienne Kadidjath Issotina, dite Kadi, évoque «une formation exceptionnelle, capable de transformer une carrière ». Pour elle, la méthode de Roukiata a ouvert la voie à davantage de créativité, l’encourageant à abandonner les limites qu’elle s’imposait jusque-là. De son côté, l’humoriste Sara Noudofinin souligne que la master class a renforcé sa confiance en elle, l’aidant à s’affirmer dans un milieu encore largement dominé par les hommes. D’autres participantes, comme Falone Agbojogbe, socio-anthropologue, ont trouvé dans cette formation un nouveau levier pour leurs projets professionnels. La maîtrise du stand-up, dit-elle, constitue désormais un outil qu’elle compte appliquer à l’entrepreneuriat. L’humoriste Ramatou Boko, pour sa part, retient surtout la dynamique collective créée par la formation. « A Cotonou, il n’y a pas assez d’humoristes femmes. Mais avec cette expérience, je suis sûre que beaucoup oseront franchir le pas », dit-elle. La table ronde de clôture a permis de mettre en perspective les acquis, de redéfinir le rôle des femmes dans l’humour et d’interroger les conditions nécessaires à l’émergence d’une nouvelle génération de comédiennes au Bénin. A travers ce volet intellectuel, Cotonou Comedy Festival affirme clairement son ambition ; celle d’élever la culture de l’humour en un espace de réflexion, de transmission et d’émancipation.