La Nation Bénin...
Une réunion de la Plateforme d’échanges et de
coordination de la gestion des espaces frontaliers de l’Afrique de l’ouest
(Pecogef) se tient du 21 au 22 août à Cotonou. Cette instance régionale entend
donner une nouvelle dynamique à la coopération transfrontalière face aux défis
sécuritaires, climatiques et sociaux qui fragilisent les zones frontalières.
Face aux nombreux défis dont la sous-région ouest-africaine est confrontée, la Plateforme d’échanges et de coordination de la gestion des espaces frontaliers de l’Afrique de l’ouest (Pecogef) a vu le jour pour apporter des solutions à l’unisson. Dans ce sens, le Bénin abrite depuis ce jeudi 21 août, la rencontre annuelle de cette plateforme d’échanges. Réunis pour deux jours, responsables et experts venus de plusieurs pays de la sous-région entendent revisiter les réformes entreprises ces dernières années, renouveler les instances dirigeantes et tracer une feuille de route commune pour une gestion plus concertée des espaces frontaliers. Créée en 2015, la Pecogef s’est imposée comme un creuset régional de dialogue, de coordination et de partage d’expériences entre institutions nationales en charge de la gouvernance frontalière. Pour Youssoufou Adam, directeur général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (Abegief), l’existence même de cette plateforme est devenue incontournable. « La plateforme ne va pas disparaître parce que c’est elle qui est chargée de la coordination et du partage d’expérience, afin que la coopération transfrontalière que nous avons toujours prônée puisse être au-dessus de tout développement au niveau de nos localités frontalières », a-t-il déclaré en ouverture. La rencontre de Cotonou se veut également un moment de relance. Depuis la dernière session organisée à Ouagadougou en novembre 2021, plusieurs chantiers ont été lancés, notamment la révision des textes constitutifs de la Pecogef. « Les textes datent de 2015. Or, depuis, de nouveaux défis sont apparus : menace terroriste, changement climatique, déplacements de populations. Les zones frontalières sont de plus en plus vulnérables. Il est donc nécessaire d’inscrire nos interventions dans un cadre programmatique structuré et réformé en profondeur », a informé Coulibaly Abdramane, représentant le secrétariat exécutif de la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire. La session de Cotonou permettra ainsi de présenter les résultats des travaux du comité et de procéder au renouvellement des instances de la plateforme.
Agir ensemble
Au-delà des textes, c’est surtout la pratique qui
témoigne de l’importance de la Pecogef. Selon Cheikh Sidia Diabaté, secrétaire
exécutif de la Commission nationale des frontières de Guinée, la plateforme a
profondément amélioré la gouvernance régionale.
« Avant sa mise en place, il y avait des difficultés de
communication et d’échange d’informations. Aujourd’hui, nous travaillons en
synergie et nous formons une véritable famille », a-t-il fait savoir. À l’heure
où les frontières africaines, héritées de l’administration coloniale, restent
parfois sources de tensions, la démarche de la Pecogef vise à transformer ces
limites en opportunités de développement, de fraternité et de paix.
Les discussions de Cotonou mettent aussi en lumière la
gravité des menaces qui pèsent sur les espaces frontaliers. L’expansion des
groupes armés dans le Sahel, les effets du changement climatique, mais aussi
les pressions migratoires et le déplacement forcé des populations fragilisent
au quotidien les communautés frontalières. Selon Youssoufou Adam, l’ambition
est de faire en sorte que la plateforme devienne le moteur d’une dynamique
nouvelle en apportant aux populations frontalières le minimum social, tout en
garantissant la sécurité grâce à la conjugaison des efforts régionaux. La
réunion de Cotonou prévoit enfin la planification d’activités conjointes que
chaque pays devra mener avec ses voisins. L’objectif est de passer du dialogue
aux actions concrètes sur le terrain, dans des domaines aussi variés que la
sécurité, la gestion des flux migratoires, l’économie locale ou encore la
protection de l’environnement. Avec cette initiative, les pays ouest-africains
affirment leur volonté de bâtir une gouvernance frontalière concertée et
durable. Plus qu’une simple instance technique, la plateforme devient un levier
politique et stratégique au service d’une intégration régionale plus profonde■
Responsables et experts de la gestion des espaces frontaliers de l’Afrique de l’ouest se donnent la main face aux défis