La Nation Bénin...
Réunis ce jeudi 24 juillet, les membres du Conseil
économique et social (Ces) ont suivi une communication d’importance stratégique
: « Le Code du numérique au Bénin: défis et perspectives ». Cette session a été
animée par une équipe du ministère du Numérique et de la Digitalisation,
conduite par la ministre Aurélie Adam Soulé Zoumarou. À travers cette
présentation, le Ces a pu mieux appréhender les fondements, ambition, ainsi que
les enjeux du cadre législatif qui régit désormais l’écosystème numérique
béninois.
Pourquoi un Code du numérique ? Quels enjeux pour le
Bénin ? Réunis ce 24 juillet, les membres du Conseil économique et social se
sont imprègnés, grâce aux explications du ministère du Numérique et de la
Digitalisation, de la portée et des défis de cette réforme majeure qui
redessine, depuis quelques années, l’avenir digital du pays.
En ouverture, le président du Ces, Conrad Gbaguidi, a
souligné la place incontournable du numérique dans la transformation du pays.
« Le développement du numérique ne constitue plus une simple option de
modernisation mais une véritable exigence de compétitivité, d’efficacité
administrative et d’impulsion sociale »,
a-t-il affirmé. Il a rappelé l’impact transversal du numérique dans
l’éducation, la santé, la finance, l’agriculture, la justice et la gouvernance.
Conrad Gbaguidi a précisé qu’en réponse à cette dynamique, le gouvernement
béninois s’est engagé, depuis plusieurs années, dans un vaste chantier de
digitalisation de l’administration publique et de modernisation du cadre
juridique. Cette ambition s’est concrétisée par l’adoption du Code du
numérique, véritable socle législatif destiné à encadrer l’utilisation des technologies
numériques dans le pays. Ce code fixe notamment les règles en matière de
protection des données personnelles, de cybersécurité, de commerce électronique
et de services numériques. « Il est donc essentiel que les représentants des
forces vives de la nation réunis ici au sein du Ces aient une compréhension
claire de ces réformes », a souligné le président du Ces.
La ministre Aurélie Adam Soulé Zoumarou a expliqué la
philosophie du Code du numérique, en soulignant qu’il répond d’abord à une
nécessité. Celle d’encadrer l’usage du numérique comme on encadre la
circulation sur une route. « L’Internet, c’est comme une autoroute, il faut
fixer des règles pour garantir la sécurité et l’efficacité de tous les
usagers », a-t-elle illustré. Le Code du numérique offre ainsi aux opérateurs
un cadre clair pour savoir comment exercer leurs activités, lancer de nouveaux
services ou déployer des infrastructures. De même, il définit les sanctions
pour ceux qui choisiraient de violer ces règles, contribuant ainsi à instaurer
un climat de confiance pour les citoyens et les entreprises.
Mais au-delà du contrôle, la ministre a souligné le second apport majeur du code. Il libère, à l'en croire, le potentiel économique du secteur. En instaurant la validité juridique d’un document électronique ou d’une signature numérique, il rend possible la dématérialisation des services publics et privés. « Sans ce code, la plupart de nos démarches en ligne n’auraient pas de valeur légale », a expliqué Aurélie Adam Soulé Zoumarou. Grâce à ces dispositions, l’économie numérique béninoise peut se développer, attirant investisseurs et innovateurs. « Ce document est un pilier fondamental de notre économie numérique », a-t-elle ajouté.
Un corpus riche et structuré
Fidèle El-Koudous Orou N'gobi, conseiller technique
juridique au ministère du Numérique et de la Digitalisation et communicateur
mandaté par le ministère, a ensuite détaillé la structure du Code du numérique,
un texte dense qui comprend près de 647 articles répartis en huit livres, dont
un préliminaire. Ces livres traitent respectivement des réseaux et services de
communication électronique, des outils et écrits électroniques, des
prestataires de services de confiance numérique, du commerce électronique, de
la protection des données personnelles, de la cybersécurité et
cybercriminalité, et enfin des dispositions transitoires et finales. Le premier
livre, fort de 263 articles, fixe les conditions d’exploitation des réseaux et
de fourniture des services numériques. Il garantit notamment la confidentialité
des communications et prévoit la possibilité, pour les usagers, de déposer
plainte auprès de l’Autorité de régulation des communications électroniques et
de la poste (Arcep). Le deuxième livre porte sur la validité juridique des actes
sous forme électronique et des services de confiance numérique tels que la
signature électronique ou l’horodatage. Le communicateur a rappelé que les
actes juridiques sous forme électronique ont la même valeur que ceux rédigés
sur papier.
Le troisième livre encadre l’activité des prestataires de services de confiance numérique, en leur faisant des obligations de déclaration, de protection des données et de respect des normes de sécurité. Un organe de contrôle spécifique a été mis en place pour superviser ces acteurs. Le quatrième livre régit le commerce électronique, de la conclusion du contrat aux garanties légales et à la responsabilité des fournisseurs. Il s’attache à protéger le consommateur, notamment en lui offrant un droit de rétractation et la possibilité de vérifier et corriger sa commande avant validation. Le cinquième livre, consacré à la protection des données personnelles, compte 112 articles. Il institue une autorité dédiée et fixe des principes fondamentaux dont la transparence et le droit d’interrogation par la personne concernée. Ces dispositions visent à concilier innovation et respect des libertés individuelles. Le sixième livre traite de la cybercriminalité et de la cybersécurité. Il recense et sanctionne différentes infractions, de la fraude bancaire aux contenus illicites, en passant par l’incitation à la rébellion sur Internet, passible de peines d’emprisonnement et d’amendes conséquentes. Enfin, le septième livre contient les mesures transitoires, prévoyant notamment des délais pour la mise en conformité des acteurs du secteur avant l’entrée en vigueur du Code.
Des perspectives prometteuses
Malgré cette avancée majeure, le communicateur a rappelé
plusieurs défis auxquels le Bénin doit faire face. Le premier est relatif à la
nécessité d’adapter en permanence le Code aux technologies émergentes, telles
que l’intelligence artificielle et la blockchain. Le deuxième défi porte sur la
clarification de certaines dispositions susceptibles d’être mal interprétées
comme attentatoires aux libertés fondamentales. Enfin, l’adaptation du cadre
institutionnel reste indispensable pour une gouvernance plus efficace et
réactive.
En termes de perspectives, le gouvernement envisage de
renforcer le cadre réglementaire sur l’Ia et les mégadonnées, conformément à la
Stratégie nationale de l’Intelligence artificielle et des mégadonnées déjà
élaborée. Des campagnes de sensibilisation de masse seront également menées
pour rendre le Code accessible et compréhensible à toutes les couches de la
population.
Enfin, une compilation de la loi et de ses textes
d’application est prévue pour créer un corpus unique et cohérent. « Il faut
reconnaître que le Code du numérique est l’une des réformes majeures mises en
œuvre par le gouvernement. Il constitue un véritable outil juridique pour le
développement du secteur notamment l’attraction des investissements et la
sécurisation juridique, la protection des consommateurs, la lutte contre la
cybersécurité », a-t-il souligné.
En conclusion, la ministre du Numérique et son équipe ont
insisté sur le caractère structurant du Code du numérique. Il ne s’agit pas
seulement d’un texte technique, mais d’un outil au service du développement
économique, de la protection des citoyens et de l’attractivité du pays. Sa
bonne appropriation par tous institutions, entreprises et citoyens est le gage
pour que le Bénin tire pleinement profit des opportunités offertes par le
numérique. Ce Code symbolise ainsi la volonté du Bénin d’entrer résolument dans
l’ère digitale, en conciliant innovation, sécurité et inclusion. Un pari
ambitieux, mais nécessaire, pour préparer le pays aux défis du XXIᵉ siècle.
Conrad Gbaguidi, président du Ces