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Apollinaire Avognon, président de Nouvelle force nationale: « Que l’offre de chaque parti soit au cœur de l’actualité politique »

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Apollinaire Avognon Apollinaire Avognon

Apollinaire Avognon, président de Nouvelle force nationale, s’est prononcé sur des sujets de l’actualité politique, allant des propositions de révision de la Constitution ou de la relecture du code électoral, à la préparation des élections générales de 2026, passant par des contenus d’offres politiques pour le bien des populations. 

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 26 févr. 2024 à 08h48 Durée 4 min.
#Apollinaire Avognon, président de Nouvelle force nationale
LA NATION : L’actualité nationale tourne autour de la relecture du code électoral ou éventuellement d’une révision constitutionnelle. Quelle en est votre lecture ? 

Apollinaire Avognon : A l’approche des élections, tout est mis en œuvre par l’actuelle classe politique pour que le peuple ne soit pas consulté sur la base de tel ou tel projet. On invente une situation pour mobiliser toute l'attention du peuple sur une question qui n'est pas d'ordre électif ou qui ne concerne pas les offres politiques. Nous, à notre niveau, préférons qu'on garde la loi constitutionnelle telle qu'elle est, parce que nous savons à quoi nous en tenir pour aller aux prochaines élections. En ce qui concerne la modification du code électoral, nous aurions souhaité que ce soient les prochains députés et maires qui parrainent les candidats à la présidentielle de 2026. Sauf qu’au regard de la situation politique actuelle, si les députés actuels peuvent parrainer, l’on a l’assurance que l'opposition pourrait avoir un candidat à cette élection.
Quels sont les éléments à revoir dans le code électoral ?
 
Au niveau des agents électoraux, nous pensons qu'il faut que la moitié soit désignée par la mouvance et l'autre moitié par l'opposition. Cela permet à chaque poste de vote d’avoir des agents des deux camps parce que la désignation des représentants des partis politiques aux postes de vote subit beaucoup de désagréments. Il faut prévoir dans le code électoral des sanctions pour toutes les institutions et les agents électoraux impliqués dans l’organisation des élections, et qui auraient commis des forfaits. En ce qui concerne le quitus fiscal qui n’est exigé aujourd’hui dans aucun pays, nous proposons une déclaration sur l'honneur du candidat. Si l’administration estime qu'il s'agit d'une fausse déclaration, l'intéressé en subira les conséquences devant la justice, et non le parti politique. Pour la question de la résidence, il existe aujourd’hui le Certificat d'identification des personnes (Cip) qui remplace le Certificat de résidence. Dans les pièces à fournir, il faut demander le Certificat de résidence ou le Cip, pour nous épargner des désagréments au niveau des mairies, et préciser en ce qui concerne les législatives que l’on est sur le territoire, et des communales, que l’on habite dans la commune. Aussi, nulle part dans l’espace Uemoa, la caution pour participer aux législatives n’est supérieure à 250 000 F Cfa. Il faut y revenir et non 1 500 000 F Cfa. Pour la présidentielle, il faut revenir à 25 millions. Par rapport aux élections locales, rien ne justifie qu’un parti politique gagne le scrutin à 90 % dans une commune, et que ceux qui ont obtenu moins de 10 % deviennent des maires. Il se pose un problème de légitimité.

Comment préparez-vous les élections générales de 2026 ? 

Au niveau de Nouvelle force nationale (Nfn), c’est un défi de taille. Au temps opportun, nous déploierons tout un mécanisme, toute une stratégie, pour la mobilisation des jeunes autour de nos idéaux. Si aujourd’hui, malgré le fait que les partis Upr, Br et les Démocrates ont pris part aux dernières élections législatives, 62 % des Béninois ne sont pas allés aux urnes ; cela traduit un certain besoin. Les jeunes majeurs ne croient plus à la chose politique. Il y a un grand écart qui s’est creusé entre le citoyen, l’électeur et le politique. Pour corriger le tir, il urge de renouveler la classe politique, finir avec les anciennes pratiques et les hommes qui les incarnent. Nous organiserons en mars notre congrès ordinaire, à l’occasion du 5e anniversaire de la création du parti. Les instances seront renouvelées, et le parti relancé dans la perspective des prochaines élections. Trois élections ensemble, ce n’est pas chose facile. Aux communales seules, il faut 3630 candidatures. Aucun parti politique n’a encore vécu un tel scénario, à savoir préparer à la fois trois élections. C’est un test grandeur nature qui pourra éprouver l’organisation interne et externe de chaque parti politique. Je puis assurer que la Nfn a déjà commencé la préparation de ces élections. D’ici les prochains mois nous allons finir avec la liste des candidatures pour les communales, entamer celle des législatives. Pour la présidentielle, le congrès décidera s’il nous faudra prendre un candidat à l’interne ou non.

Il y a eu le rejet de votre dossier de candidatures aux dernières législatives. Quelles sont les leçons que vous en avez tirées ? 

Nous avons fait cette expérience de rejet de notre dossier de candidatures, et savons aujourd’hui les erreurs à ne plus commettre, les anticipations à faire pour être à la hauteur de la tâche. Depuis septembre 2023, nous avons déjà commencé la préparation desdites élections générales à travers la mise en place du réseau national des femmes. Nous travaillons à l’implication de la femme dans le système politique. Nous préparons l’Assemblée générale constitutive du réseau des enseignants, qui sont des leaders d’opinion, des éclaireurs. Nous mettrons également en place le réseau des étudiants et des jeunes chômeurs qui ont des préoccupations dont il faut tenir compte dans l’élaboration de notre politique. Et je pense que mettre des jeunes capables ayant un parcours, un capital social, sur des listes ne peut que susciter l’attention. 
Qu’est-ce que cela génère comme difficultés ?

C’est essentiellement d’ordre financier, car aller à ces élections avec ces cautions, n’est pas facile. C’est pourquoi nous demandons que la caution soit revue pour permettre aux jeunes de participer aux élections. Le reste, ce sont des préoccupations à l’interne que nous allons gérer. Nous sommes plus avertis en matière de préparation de dossier, d’anticipation et d’alerte pour que la direction générale des Elections, si éventuellement le quitus fiscal est maintenu, soit contrainte de délivrer au plus tôt les quitus fiscaux, mettre la pression sur l’Agence nationale d’identification des personnes (Anip) pour qu’elle puisse délivrer les pièces qui sont de son ressort. Et en termes de capacité à l’intérieur, je peux vous rassurer que Nouvelle force nationale (Nfn) s’est dotée aujourd’hui de tout le dispositif qu’il faut pour acheminer, mettre à jour et contrôler tout ce qui sera fourni comme dossier. 

Dans la perspective desdites élections, quelles sont les thématiques qui devraient animer le débat politique ? 

Il faut que l’offre de chaque parti soit au cœur de l’actualité politique. Pour cette première, où nous allons aux élections générales, que l’appartenance à la mouvance ou à l’opposition ne prime pas sur les choix à opérer. Il faut que nous puissions apprécier la gouvernance de ces dix dernières années, celle de l’actuel régime, en termes de gains ou d’échecs, et que l’on dise aux populations au regard de ce bilan de choisir entre l’alternance et le renouvellement de confiance. Il faut dire, ‘’je veux être candidat, et si je suis élu, voilà ce que je pourrais apporter’’. Nous avons des offres à proposer pour une justice libre. Il faudrait mener le débat de l’indépendance de la justice, de la liberté de la presse. Le juge ne doit pas craindre pour sa santé, sa sécurité, ni pour sa carrière. Il faut trouver un mécanisme de financement efficace et efficient de la presse. Si la justice est libre pour tous, et que la presse a la liberté, les moyens de travailler, de dénicher les cas de corruption les plus cachés dont la justice peut se saisir, ce pays serait un pays de droiture, de bonne gouvernance. Il faut mettre le Bénin au travail à travers les transformations structurelles de notre économie. Comment les gens pourront payer les impôts s’ils ne travaillent pas ? 
Il faut la refonte de l’enseignement technique et de l’enseignement général. L’enseignement technique doit être libéralisé, subventionné, afin que le secteur privé s’y intéresse. Ce sont autant de questions sur lesquelles les formations politiques doivent pouvoir se prononcer, pour qu’on apprécie qui a la meilleure offre avant les élections.  Il faut une solution alternative, discutée, débattue dans les médias, dans les contrées, afin qu’on sache que telle formation politique propose mieux que telle autre. Ces genres de thématiques doivent permettre d’aller au contact de l’électorat, de le séduire, afin que nous puissions avoir des élections mieux organisées, mieux discutées, pour que le meilleur gagne. 

Votre mot de la fin

Je veux dire au peuple qu’aujourd’hui nous avons l’obligation d’un choix raisonnable. Nous devons nous dire, de 2006 à 2026, nous avons vu les deux camps qui ont bipolarisé le monde politique, avec 10 ans de gouvernance chacun. Peut-on leur renouveler notre confiance ? Chaque Béninois doit pouvoir répondre à cette question.