La Nation Bénin...
La modernisation du secteur agricole se poursuit avec la généralisation du régime de l’assurance agricole indicielle. Cette décision a été prise au cours du Conseil des ministres, mercredi 24 septembre. C’est une mesure innovante qui renforce la résilience des producteurs face aux risques climatiques.
Face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents et destructeurs, le gouvernement choisit d’armer les agriculteurs. En actant ce mercredi 24 septembre la généralisation de l’assurance agricole indicielle, il fait un grand pas dans sa politique de modernisation du secteur rural. Il ne s’agit plus simplement de produire davantage, mais de produire mieux et en toute sécurité, en offrant aux exploitants une véritable protection financière contre les pertes liées aux catastrophes naturelles. Une révolution silencieuse, mais stratégique qui pourrait bien transformer durablement le visage de l’agriculture béninoise.
Cette décision s’inscrit dans la continuité d’un processus entamé un an plus tôt. En effet, lors du Conseil des ministres du 23 octobre 2024, le gouvernement avait déjà donné son accord pour le démarrage d’un projet pilote d’assurance agricole indicielle, mené par le Fonds national de développement agricole (Fnda). Les résultats enregistrés lors de cette phase test ont confirmé la pertinence de cette orientation.
En fait, à la différence de l’assurance agricole traditionnelle, qui repose sur l’évaluation des pertes réelles subies après un sinistre, l’assurance agricole indicielle déclenche automatiquement le paiement d’une indemnisation lorsque certains indicateurs prédéfinis, appelés indices, atteignent des seuils critiques. Ces indices peuvent être liés à la pluviométrie, à la température, à l’humidité des sols ou encore au rendement moyen des cultures, et sont mesurés à l’aide de données météorologiques et satellitaires.
Dans le cas béninois, l’approche retenue est multirisque et indicielle, basée principalement sur les rendements agricoles, et non sur la seule pluviométrie. Cela permet un déclenchement plus objectif et rapide des indemnisations, sans passer par des expertises longues et coûteuses sur le terrain.
Statistiques
Au cours de la campagne agricole 2024-2025, une expérience pilote a été conduite auprès de 11 000 riziculteurs, répartis sur plusieurs zones de production. Parmi eux, 2 341 producteurs sinistrés ont pu bénéficier d’une indemnité conséquente, déclenchée automatiquement par le dépassement du seuil de l’indice de rendement.
Cette première phase, qui a également concerné les filières coton et bétail, a suscité un réel engouement parmi les producteurs. Aujourd’hui, ce sont près de 100 000 bénéficiaires potentiels, toutes filières confondues, qui pourraient être concernés par la généralisation du dispositif.
Cette dynamique témoigne non seulement de la pertinence du mécanisme, mais aussi de la confiance croissante des exploitants dans les solutions innovantes mises en œuvre par les autorités pour sécuriser leurs activités.
Depuis 2016, le secteur agricole béninois connaît une progression constante, notamment dans les filières cotonnière et vivrière. Le coton, en particulier, a connu une envolée historique, positionnant le Bénin comme premier producteur en Afrique de l’Ouest. Parallèlement, la diversification des cultures vivrières et l’appui accru à la mécanisation et aux intrants ont permis une amélioration notable de la productivité et des revenus agricoles.
Mais ces performances, aussi remarquables soient-elles, restent fragiles, car exposées à des risques climatiques croissants: sécheresses, inondations, perturbations des saisons agricoles… Autant de menaces qui peuvent, en quelques semaines, anéantir des mois de travail.
Dans ce contexte, la généralisation de l’assurance agricole indicielle s’impose comme un levier stratégique pour préserver les acquis, stabiliser les revenus des exploitants et maintenir un niveau d’investissement soutenu dans l’agriculture.
Sécuriser le revenu
L’une des préoccupations majeures du gouvernement reste la sauvegarde du revenu et du pouvoir d’achat des producteurs agricoles. Cette préoccupation prend tout son sens dans un contexte marqué par les changements climatiques et des marchés agricoles parfois volatils.
Grâce à l’assurance indicielle, les agriculteurs peuvent désormais aborder les campagnes agricoles avec davantage de sérénité, sachant qu’en cas de sinistre climatique majeur, leur activité sera partiellement couverte, leur permettant ainsi de se relever plus rapidement et de préparer la saison suivante.
La généralisation de cette assurance est un véritable coup de pouce pour le monde rural. Elle contribue à renforcer la résilience des petits exploitants, souvent les plus vulnérables, et favorise l’inclusion financière grâce à la mise en place de mécanismes automatiques et transparents.
Elle permet également d’améliorer la planification agricole, de sécuriser les chaînes de valeur et d’attirer davantage de jeunes vers l’agriculture, en rendant ce secteur plus prévisible et professionnel.
Sécuriser les revenus des producteurs pour favoriser une meilleure production